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Docteur Faouzi Skalli & le festival de la Culture Soufie

Par la dixième Edition du Festival de la musique Soufie sous le thème de «La Route Du Soufisme Du Maroc Vers l’Inde », la Médersa Bouanania qui a été édifiée sous la dynastie des mérinides a connu un retour dans le temps glorieux de la ville de Fès, une époque où ce bâtiment accueillait les étudiants venant étudier dans la mosquée, une époque ou Fès par son art et le savoir d'une civilisation était à l'apogée de sa gloire.

Les tables rondes du festival se sont déroulées dans la grande cour centrale de ce patrimoine mondial, la cour s’est transformée en un lieu de rencontres, cette année comme les années précédentes, plusieurs penseurs, écrivains, poêtes, artistes ont participés.

Le soufisme est le courant mystique de l'Islam; il prône le détachement du monde matériel et le rapprochement de Dieu. Le soufi est un initié, il recherche l'intériorisation, l'amour de Dieu, la contemplation et la sagesse. « Le Dieu que cherchent les soufis est un Dieu d’amour et on accède à Lui par l’Amour".

Le Maroc est connu par ses zaouïas, c’est un lieu où on effectue les pratiques spirituelles et on y enterre les saints fondateurs. Parmi les zaouïas de Fès liées aux diverses confréries « Tariqua » religieuses, Zaouia Moulay Idriss II et Zaouia Tijania. Chaque confrérie a ses méthodes d'initiation. Cela peut être la prière, la méditation, la musique et la danse, Le dhikr par exemple est une prière collective qui consiste à répéter les noms de Dieu ou certaines formules évocatrices.

12 ème Rencontre Mondiale du Soufisme

12 ème Rencontre Mondiale du Soufisme:  Nov 28 - Dec 1Madagh, Morocco
Soufisme et Diplomatie Spirituelle
Dimensions culturelles, développementales et civilisationnelles

De nos jours, la diplomatie est représentative d’un Etat dans toutes ses différentes dimensions, aussi bien politique, économique, culturelle, religieuse que civilisationnelle. L’action diplomatique n’est plus limitée, comme par le passé, à la simple représentation politique. Elle est portée par tous les acteurs susceptibles de contribuer à la protection et au service des intérêts fondamentaux de la nation. Ce changement s’inscrit en cohérence avec les grandes mutations que connaissent nos sociétés contemporaines et qui affectent l’ensemble des structures de l’Etat. En effet, contrairement à la vision traditionnelle de l’Etat qui tend à le confondre à son système politique, la conception moderne englobe l’ensemble des composantes politique, religieuse, civile, économique et sociale.

De ce fait, les relations internationales sont devenues plus complexes, car elles intègrent tous les nouveaux acteurs engagés dans ce qui est désormais appelé « la diplomatie parallèle ». La composante religieuse de cette diplomatie compte sans doute parmi les plus importantes, notamment dans les pays qui jouissent d’un fort héritage spirituel. C’est pourquoi, conscients de la contribution de cette composante dans le renforcement de leur position sur la scène internationale et dans la promotion de leur modèle de civilisation, ces pays investissent de plus en plus dans ce type de diplomatie. 


Pour lire +: https://www.facebook.com/events/315150188961365/?acontext=%7B%22ref%22%3A%224%22%2C%22action_history%22%3A%22null%22%7D

L'Arabie Saoudite prévoit de démolir la maison du prophète Mohammed


En Arabie Saoudite, un projet immobilier prévoit de démolir la maison du prophète à la Mecque pour la remplacer par un nouveau palais royal et un centre commercial de luxe.

Un article publié sur le journal britannique The Independent vendredi 14 novembre explique que la maison qui a vu naître le prophète est menacée de disparition pour faire place à un projet colossal qui changera complètement le visage de La Mecque.

Lancé il y a quelques années, le projet a pour but l’extension de la Grande mosquée et a déjà causé la destruction d’une centaine de monuments historiques. Selon le Gulf Institute basé à Washington, 95% du patrimoine millénaire de la Mecque a été détruit par l’Arabie Saoudite pour être remplacé par des hôtels de luxe et des malls.
"L’an dernier, des colonnes ottomanes de plus de 500 ans et qui célèbrent l’ascension du prophète au paradis ont été détruites", confie à The Independent le Dr Irfan Alawi, directeur exécutif de la fondation pour la recherche du patrimoine islamique.
La maison d’une des femmes du prophète a aussi été détruite pour "faire place à des toilettes publiques".

Les autorités saoudiennes veulent transformer La Mecque en une destination touristique de luxe. Et elles justifient ces destructions par la crainte que les lieux ayant un lien avec le prophète conduisent à l’idolâtrie.

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Entretien avec Michel Chodkiewicz

Entretien avec Michel Chodkiewicz
Philosophe français, grand connaisseur du soufisme.


Michel Chodkiewicz, Directeur Général des éditions du Seuil jusqu'en juin 1989, Directeur d'Études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. Sa famille d'origine catholique polonaise est établie en France depuis 1832. Lors d'un voyage dans les pays arabes, il découvre le soufisme et se convertit à l'Islam vers l'âge de 17 ans. Depuis, il fait une recherche inlassable sur les textes d'Ibn 'Arabi qui servent de matière à son séminaire à l'École des Hautes Études.

Recherche poursuivie par, deux de ses enfants dont Claude Addas qui a publié un ouvrage où elle relate l'itinéraire spirituel et géographique du cheikh alAkbar:
Ibn 'Arabi, ou la quête du Soufre Rouge (Paris, Gallimard, 1989).

Michel Chodkiewicz est considéré comme l'un des plus grands spécialistes de la pensée akbarienne. Les éditions Sindbad viennent de publier sous sa direction une édition critique des
Futuhat alMakkiyya - les Illuminations Mecquoises.

L'entretien accordé à Elias pour la
Tribune d'Octobre (Montreuil, No 19, mars 1990) constitue le prolongement d'une conférence qu'il a donnée en 1990 à l'Institut du Monde Arabe qui avait pour thème: "Certitudes et conjectures sur l'influence du soufisme sur la pensée occidentale".


**************
 
- Pourquoi l'Occident médiéval, selon vous, a-t-il montré peu d'intérêt pour le soufisme alors même qu'il puisait allègrement dans les sciences arabes? Les raisons seraient-elles purement techniques?

Je crois qu'on ne peut pas retenir, pour expliquer ce manque d'intérêt apparent, des raisons purement techniques qui seraient dues, par exemple, aux difficultés d'accès aux ouvrages de tasawuf. On ne voit pas pourquoi il serait plus difficile de trouver des textes soufis que des textes philosophiques ou scientifiques. D'autre part, le problème de la complexité de ces textes ne me parait pas non plus une explication. Ceux d'Averroès ou d'Avicenne n'étaient pas non plus faciles. Donc, les explications de cet ordre me paraissent, à supposer qu'on puisse les retenir, comme extrêmement secondaires. La raison principale, je la vois dans le fait suivant: en matière de philosophie et de sciences, l'Occident était demandeur. Les Arabes avaient une avance considérable en médecine, astronomie, mathématiques etc...

L'Occident chrétien avait des besoins cultuels en matière de pensée spéculative. Mais sa foi, sa compréhension des vérités de la foi, sa vie spirituelle étaient suffisamment robustes pour qu'il n'éprouve pas le sentiment d'un manque à combler. Je crois qu'il est significatif que l'intérêt pour le soufisme et pour d'autres traditions orientales ait commencé justement au moment où la foi et les valeurs spirituelles s'étaient affaiblies en Occident. Ce mouvement s'est amorcé au XVIIIe siècle, s'est confirmé au XIXe et s'est accéléré au XXe: c'est au XXe, en effet, qu'on a traduit beaucoup de textes soufis d'une part, et qu'on a assisté d'autre part à des mouvements de conversion à l'islam en Europe et en Amérique déterminés par cet appel d'air du soufisme.

- Pourquoi le soufisme n'a "pas pris" plus tôt?

Il n'y a pas de preuves historiquement admissibles établissant des contacts entre les traditions spirituelles de l'Occident et l'Islam.

Il existe des conjectures, des indices mais pas de certitudes; contrairement aux affirmations qui ont été faites quelques fois par des spécialistes et souvent par des vulgarisateurs. Il me parait en même temps invraisemblable que des gens qui vivaient ensemble, soit au Proche-Orient à l'époque des croisades, soit en Espagne ou en Sicile, se soient complètement ignorés. La culture était partagée. Or cette culture était imprégnée de religieux. Il est impensable que de grands spirituels chrétiens aient été totalement indifférents à ce que pourraient penser et vivre de grands spirituels musulmans. Mais ceci a du se passer sur le plan de contacts individuels qui n'ont pas laissé de traces historiques.

- Pourtant les orientalistes évoquent les influences qu'auraient subies Thérèse d'Avila ou Raymond Lulle?

Dans le cas de Lulle, on a tendance à surestimer la profondeur de sa connaissance du soufisme. En vérité, il connaît peu le soufisme même s'il lui est arrivé d'utiliser des termes ou des concepts empruntés au soufisme comme la notion de "habdarat" ou des "asma Allah alhusna". On a l'impression qu'il n'a pas essayé de comprendre ce que signifiaient ces termes pour les soufis. Il les a retenus et leur a donné une équivalence chrétienne très superficielle. Donc, il y a plutôt un habillage de notions chrétiennes par des termes empruntés au soufisme chez Raymond Lulle qu'une compréhension en profondeur; du moins sur la base des textes que je connais. Mais il y a eu probablement d'autres personnages dont l'histoire n'a pas retenu la trace. Après tout, les contacts entre individus ne donnent pas toujours lieu à la constitution d'archives surtout à cette époque. J'ai émis l'hypothèse que des juifs convertis au christianisme auraient pu jouer un rôle de transmetteurs après la reconquête de l'Espagne par les chrétiens, ce qui expliquerait les traces d'influentes soufies qu'on trouve chez Thérèse d'Avila (qui avait un grand-père juif). Il ne faut pas oublier que les juifs participaient à cette même culture, écrivaient dans la même langue et lisaient les mêmes textes.

- Et les Juifs qui ont été acquis au soufisme comme certains descendants de Maïmonide par exemple?

Ce ne sont pas des soufis à proprement parler. Ils restaient juifs. (Michel Chodkiewicz a précisé à maintes reprises que pour etre soufi, il faut etre musulman). Mais ils se sont aperçus qu'il y avait des ressources spirituelles immenses dans le soufisme. Ils ont lu des auteurs soufis. A ce propos, je vous renvoie au livre de Paul Fenton qui a été publié chez Verdier et qui s'intitule: "Deux traités de mystique juive". Ces deux traités sont dus à des descendants de Maïmonide. Ils ont littéralement recopié des passages d'auteurs soufis. Seulement quand il y avait une citation d'un des compagnons du Prophète, par exemple, ils écrivaient: " Un sage d'entre les nations a dit que...". De même que lorsqu'il y avait une citation coranique, ils cherchaient un passage de la Tora qui pouvait convenir.

C'est la raison pour laquelle je retiens plutôt l'hypothèse que c'est par les juifs plus que par l'intermédiaire des Moriscos que certaines disciplines se sont transmises. Les juifs convertis au christianisme, en apparence ou en réalité, avaient gardé davantage de la culture arabo-islamique que les Moriscos parce qu'en réalité, l'élite musulmane est partie vers l'Orient et ceux qui sont restés étaient pauvres en culture.

- Peut-on avoir une saisie du soufisme sinon une perception sans le pratiquer soi-même? Autrement dit, doit-on procéder d'une sorte d'anthropologie participante?

L'exemple de bien des orientalistes montre qu'on peut travailler toute sa vie sur les textes soufis sans jamais les comprendre en profondeur. Ceci est vrai de toute autre tradition mystique. Je pense que si on travaille simplement sur les textes avec un esprit ouvert, on arrive à saisir les concepts mais pas le dawq (saveur). Selon une image qu'emploient les soufis: lorsque vous décrivez le miel à quelqu'un qui n'en a jamais goûté, vous avez beau user de tous les instruments nécessaires pour vous exprimer, vous n'arriverez jamais à lui faire sentir ce que c'est le goût du miel.

Par conséquent, je pense qu'une perception vraiment pénétrante des valeurs du soufisme implique un certain degré de participation et on le sent bien dans les textes même chez les musulmans. Il ne suffit d'ailleurs pas d'être musulman. Vous avez des auteurs musulmans qui sont des esprits très brillants mais qui n'utilisent que leurs ressources mentales pour commenter un texte soufi et d'autres qui intuitivement saisissent l'essentiel.

Je vais prendre l'exemple de deux personnages bien connus. L'un vécut au XIXe siècle et l'autre est mort assez récemment. Au XIXe siècle, vous avez l'Émir Abdelkader qui était un soufi. Et quand dans son Kitab al Mawaqif (Livre des Stations), il commente Ibn 'Arabi, ce n'est pas un travail appliqué, rigoureux, de bon élève qui essaie de comprendre un texte. Le commentaire est écrit d'une manière très simple mais il va tout de suite à l'essentiel. Et puis il y a un texte que j'ai découvert tout récemment: le commentaire de Fusus al Hikam d'Ibn 'Arabi par Khomeiny quand il était étudiant en théologie. C'est un commentaire en arabe, très brillant, d'un homme qui possède une vaste culture, qui a un esprit très aiguisé mais, à aucun moment on ne sent ce qu'on ressent chez l'Émir. C'est à dire le dawq, la saveur, dont j'ai parlé. Je ne veux pas me prononcer sur le cas spirituel de l'Imam. Je constate simplement que c'est consciencieux, ingénieux mais guère plus.

- Peut-on parler dans le cas de ce commentaire d'une lecture exotérique qui serait l'oeuvre d'un mutakallim ?

Il faut savoir que dans l'islam chi'ite iranien en particulier, on évite d'employer le terme de soufisme qui est mal vu, parce qu'il est identifié au sunnisme. On préfère le terme 'irfan (gnose). Le propre du 'irfan est d'être spéculatif et fortement philosophant. C'est une des caractéristiques du "soufisme" iranien.

- C'est ce qu'on pourrait traduire éventuellement par théosophie [connaissance des choses divines]?

Littéralement c'est une gnose. Le mot est constitué à partir de la racine 'arafa. Mais en fait cela désigne ce que dans le sunnisme on appellerait tasawuf (soufisme).

- Les turuq [confréries mystiques] connaissent des fortunes diverses selon des pays. Qu'en est-il de la vitalité du soufisme dans ces conditions?

D'abord, je voudrais qu'on distingue bien la présence ou l'absence du tasawuf du phénomène de la vitalité ou de la décadence des turuq. Ce sont deux choses différentes. On a tendance, surtout au Maghreb, à les identifier. Le tasawuf a commencé avant qu'il y ait des turuq. Il peut aussi exister là où il n'y en a pas.

Les turuq sont le mode d'architecture sociale dont le tasawuf s'est revêtu à un certain moment de son histoire. En gros, cela commence au XIIIe siècle et cela va en se cristallisant de plus en plus... Ce qui est important dans le tasawuf, c'est la notion de silsila (chaîne initiatique.) que celle de turuq. Il ne faut pas croire qu'une silsila génère forcément une tariqa.

Le cas d'Ibn 'Arabi est tout à fait évident. Sa silsila continue jusqu'à nos jours (!). Ceux qui se sont transmis la Khirqa akbaria ou la baraka akbaria n'ont jamais constitué de tariqa. On peut être rattaché à la généalogie initiatique d'un cheikh sans que cela devienne une institution. Le soufisme peut exister en dehors de ces formes institutionnelles. C'était le cas avant le XIIIe siècle. Il y avait des configurations très fluides autour d'un maître mais elles ne prenaient pas cette forme hiérarchique, pyramidale, organisée et codifiée qu'est devenue la tariqa. A partir du moment où on fait cette distinction, je dirai que le tasawuf n'a jamais cessé d'exister et que sa vitalité ne doit pas être ramenée à ses manifestations extérieures. Car il concerne le batin, l'intérieur de l'être.
Ce n'est pas un parti politique dont on mesure la force en fonction du nombre de ses adhérents.

Malgré le distinguo qu'on pourrait faire, il faut admettre que la crise des confréries rejaillit d'une certaine façon sur le soufisme.

En Algérie par exemple, quelle qu'ait été la crise qu'ait connu les turuq, il subsiste des gens que je considère comme d'authentiques soufis. Il en subsiste dans tout le Maghreb et dans tout le monde musulman, y compris en Chine et en U.R.S.S. Et je parle de faits que j'ai pu constater.

Je crois que les turuq ont été amenées, et c'est le cas dans les pays où l'Islam a été persécuté comme U.R.S.S., à prendre en charge non pas simplement l'ésotérique mais l'exotérique aussi. Le livre de Bennigsen, Le soufi et le commissaire (Paris, Seuil) que nous avons publié, montrait qu'il y avait en URSS un islam officiel avec des imams nommés par le pouvoir, mais que la religion réellement vivante était celle des turuq. Ces dernières deviennent des mouvements de masse qui assument une fonction d'enseignement, de respect de la pratique et des actions caritatives qui normalement auraient été du ressort de l'exotérique.

- Comme ce fut le cas des turuq à l'époque coloniale qui ont pallié un sous-équipement institutionnel?

La situation est encore plus frappante en Union Soviétique. En Algérie, l'islam n'était pas persécuté. On n'interdisait pas aux musulmans de se rendre à la mosquée.

En U.R.S.S. sous Staline la pratique religieuse était passible de la déportation. Le rôle des turuq est d'autant plus fort que la persécution est plus violente. Ces turuq deviennent un mélange d'associations culturelles, de partis politiques, de coopératives éducatives et ce qui est spécifique du tasawuf a tendance à s'effacer.

Je pense que dans le monde où nous vivons, le tasawuf va subir une espèce de polarisation. Il y a d'une part une certaine présence du tasawuf qui va suivre la voie qu'ont eue beaucoup de turuq d'Asie centrale; c'est-à-dire prendre en charge une communauté quand les institutions normales n'existent plus ou sont discréditées. Et puis, en sens inverse, il va y avoir un tasawwuf de plus en plus discret. Je ne dirai pas clandestin.

J'ai employé un terme peut-être exagéré en parlant de persécution. Prenons le cas de l'Egypte. On ne peut parler de persécution. Pourtant depuis les Ottomans jusqu'à Nasser, le gouvernement a toujours exercé un contrôle très rigoureux sur les turuq en vue de les utiliser.

- Quand les turuq sont encadrées par l'État comme en Égypte comment peuvent-elles décemment fonctionner?

L'Egypte a toujours été un pays très centralisé. Elle l'était déjà du temps des pharaons et elle l'est restée. Il existe un cheikh al-chouyoukh qui est en quelque sorte le supérieur général de toutes les turuq. Tout est très réglementé Les turuq doivent faire des déclarations sur le nombre et le nom de leurs adhérents. On ne peut nommer un moqaddam sans autorisation de l'administration .

Je ne connais pas bien l'expérience égyptienne. En tout cas en Algérie, les turuq n'ont pas été véritablement persécutées mais censurées d'une certaine façon, notamment par le biais des nationalisations de l'enseignement privé et des lieux du culte.

Un gouvernement peut agir sur les turuq visibles qui ont un siège et des filiales, mais à partir du moment où tout se passe à l'intérieur des individus, que peut faire l'État face à quelqu'un qui pratique le dhikr en silence. C'est cela qui a permis au soufisme de subsister même dans les périodes difficiles où le contrôle étatique et éventuellement les persécutions se multipliaient.

On peut critiquer une zaouïa, mettre en prison un cheikh, mais, ce n'est pas pour autant qu'on fait disparaître le tasawuf parce qu'il est d'abord intérieur. Il peut se traduire secondairement par des processions dans les rues avec des bannières, par des fêtes et des mawalid mais l'essentiel n'est pas là. Ce ne sont là que des manifestations extérieures.

- Est-ce que cette intériorité du soufisme ne lui interdit pas la vitalité que peut procurer le prosélytisme, par exemple?

Là encore il faut éviter de parler en terme de parti politique. Il ne s'agit pas de distribuer des cartes et faire signer le maximum de gens et faire verser une cotisation. Le soufisme c'est la Sainteté. C'est le fait de l'identification totale de l'être à ce qu'il croit. Et la sainteté a une action rayonnante même si on ne fait pas de discours, si on ne publie pas des livres. La Sainteté ne se transmet pas par des discours. Mais par un contact. Il faut donc que le contact ait lieu.

J'ai beaucoup voyagé dans le monde musulman et j'ai rencontré des gens que je considère comme des Saints. Ils ne s'amusaient pas à accomplir des miracles sous mes yeux ou à attirer les foules ou à tenir des discours. Mais ils s'imposaient par leur aspect immédiat. Quand on les voyait, ils étaient totalement transparents. Le Saint est un être qui intègre entièrement les vérités de la foi.

- Qu'est ce que le tasawwuf finalement?

Les soufis ont donné des définitions extrêmement complexes, mais le tasawuf comme tout ce qui est essentiel en Islam, peut-être ramené au Coran ou au Hadith. La référence culturelle c'est tout simplement le Hadith sur l'ihsan: an ta'abuda Allaha Kaanaka tarahu. Cette phrase du prophète, il faut la mesurer: "Il faut que tu adores Dieu comme si tu le voyais". Cette réponse que fait le prophète à Seyiduna Jibril [l'ange Gabriel] signifie bien qu'il y a des êtres qui se comportent "comme s'ils voyaient Dieu".

- Peut-on expliquer alors la suspicion dans laquelle ont été tenus les soufis au début et encore aujourd'hui?

On a trop exagéré cette suspicion et on oublie en particulier que beaucoup de soufis ont été en même temps des fuqaha. L'un des cas les plus connus était celui de Abd-al-Qadir al Jilani l'éponyme de la tariqa Qadiriya qui était aussi un enseignant. Il était réputé pour sa connaissance du fiqh et du Hadith.

Il appartenait au hanbalisme qui représentait pourtant une attitude sévère à l'égard du soufisme.

L'attitude des fuqaha peut se comprendre jusqu'à un certain point. Au-delà, elle est inadmissible.

Les soufis sont amenés à dire dans des cercles restreints des choses qui, si elles sont mal comprises par un public plus large, auquel du reste elles n'étaient pas destinées, peuvent ébranler sa foi. Je comprends très bien que des fuqaha disent qu'un texte est dangereux pour la foi des gens qui ne sont pas préparés à le recevoir. Donc il faut limiter sa circulation. D'ailleurs ce point de vue est partagé par les soufis eux-mêmes.

Jusqu'à un certain point, je dirai que l'attitude des fuqaha tient de la prudence. Les formulations du tasawuf ne sont pas faites pour tout le monde et elles peuvent être dangereuses pour certaines personnes et déconseillées à d'autres.

Jusque là, ils ont raison. Mais seulement, parfois ils vont au delà. Ils ne se bornent pas à recommander la limitation de la circulation d'un texte. Ils disent qu'il faut mettre l'auteur de cet écrit au feu. Ils prononcent le takfir contre lui. Ils demandent que ses livres soient brûlés. Et cela, ils n'ont pas à le faire parce que la règle fondamentale dans la Sunna est de choisir l'interprétation la plus bienveillante.

C'est-à-dire admettre que l'auteur fait partie de ahl al qibla et qu'on peut savoir pas bien compris ce qu'il voulait dire et on laisse le jugement à Dieu. On n'a pas le droit de déclarer Kafir [mécréant] un musulman sincère, sous prétexte qu'on n'a pas saisi ses intentions. La limite c'est le tawaqqul [s'en remettre à Dieu] quand on ne sait pas, ou on s'abstient de juger ou on crédite l'auteur.

http://rumi.chez.com/url/entretien.htm

Sur les pas d’Ibn Arabî», thème de la huitième édition du Festival de Fès de la culture soufie prévue du 12 au 19 avril à Fès

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Ce Festival qui draine les amateurs de la culture et la musique soufies du Maroc et de l'étranger, est considéré, avec le Festival de Fès des musiques sacrées du monde, comme l'un des importants rendez-vous culturels et artistiques de la capitale spirituelle du Maroc.

Le programme est très riche avec plusieurs concerts de Samaâ et de musique soufie et arabo-andalouse ainsi que des tables rondes sur la thématique de cette 8e édition.

De grands artistes marocains vont ainsi animer les nuits printanières de ce Festival tels que Abderrahim Souiri, Mohamed Bajeddoub, Marwane Hajji, Mohamed et Abdelfatah Bennis, Said Chraibi et l'orchestre de musique andalouse de Mohammed Briouel. 

Des chanteurs et confréries de plusieurs pays musulmans sont également de la partie, notamment de Bosnie-Herzégovine et de Turquie. 

Côté débats, les conférenciers se pencheront sur l'œuvre d'Ibn Arabi, l'influence de sa pensée sur le Maghreb et le Machrek, sa poésie, ou l'exégèse coranique chez ce grand intellectuel musulman, natif de l'Andalousie.

Pour l'association «Festival de Fès de la culture soufie», qui organise l'évènement, Muhyi Dine Ibn Arabi est sans doute l'auteur «le plus complet» et «le plus profond» de la tradition spirituelle du soufisme avec une bibliographie riche de plus de 400 ouvrages dont certains comptent plusieurs volumes comme Al Futuhat al Makkiya ( Les illuminations de la Mecque en 37 volumes) ou l'explication du Coran (aujourd'hui disparu, en 64 volumes).

Pour cette association, qui veut faire découvrir la richesse du patrimoine spirituel et culturel du soufisme, au Maroc et à travers le monde, dans ses expressions artistiques, intellectuels et sociales, et à mettre en relief l'importance de cette richesse immatérielle dans tout processus de développement global, les pérégrinations de cet intellectuel, qui a effectué plusieurs séjours à Fès, «vont dessiner les contours d'une géographie faite de lieux de rencontre, d'expérience mystique, d'échanges et d'enseignements dont la diffusion souterraine et manifeste influence profondément jusqu'à nos jours la culture spirituelle de l'Islam et plus largement encore différentes écoles de sagesse et de pensée à travers le monde».

Le Festival de Fès de la culture soufie cherche ainsi à «réaliser d'une façon certes modeste, et à ce titre surtout illustrative, un paradigme essentiel pour la survie de notre humanité et une orientation vers un développement qualitatif et solidaire», selon la même source.

La 7e édition de ce Festival s'était déroulée du 13 au 20 avril 2013 , sous le thème : «Qût al Qulûb (Nourritures spirituelles) : Soufisme et Créativité».  

- See more at: http://www.lematin.ma/express/2014/culture-soufie-_et-de-huit-pour-le-festival-de-fes/198372.html#sthash.tXgcMbTc.dpuf

Ce Festival qui draine les amateurs de la culture et la musique soufies du Maroc et de l'étranger, est considéré, avec le Festival de Fès des musiques sacrées du monde, comme l'un des importants rendez-vous culturels et artistiques de la capitale spirituelle du Maroc.
Le programme est très riche avec plusieurs concerts de Samaâ et de musique soufie et arabo-andalouse ainsi que des tables rondes sur la thématique de cette 8e édition.
De grands artistes marocains vont ainsi animer les nuits printanières de ce Festival tels que Abderrahim Souiri, Mohamed Bajeddoub, Marwane Hajji, Mohamed et Abdelfatah Bennis, Said Chraibi et l'orchestre de musique andalouse de Mohammed Briouel.
Des chanteurs et confréries de plusieurs pays musulmans sont également de la partie, notamment de Bosnie-Herzégovine et de Turquie.
Côté débats, les conférenciers se pencheront sur l'œuvre d'Ibn Arabi, l'influence de sa pensée sur le Maghreb et le Machrek, sa poésie, ou l'exégèse coranique chez ce grand intellectuel musulman, natif de l'Andalousie.
Pour l'association «Festival de Fès de la culture soufie», qui organise l'évènement, Muhyi Dine Ibn Arabi est sans doute l'auteur «le plus complet» et «le plus profond» de la tradition spirituelle du soufisme avec une bibliographie riche de plus de 400 ouvrages dont certains comptent plusieurs volumes comme Al Futuhat al Makkiya ( Les illuminations de la Mecque en 37 volumes) ou l'explication du Coran (aujourd'hui disparu, en 64 volumes).
Pour cette association, qui veut faire découvrir la richesse du patrimoine spirituel et culturel du soufisme, au Maroc et à travers le monde, dans ses expressions artistiques, intellectuels et sociales, et à mettre en relief l'importance de cette richesse immatérielle dans tout processus de développement global, les pérégrinations de cet intellectuel, qui a effectué plusieurs séjours à Fès, «vont dessiner les contours d'une géographie faite de lieux de rencontre, d'expérience mystique, d'échanges et d'enseignements dont la diffusion souterraine et manifeste influence profondément jusqu'à nos jours la culture spirituelle de l'Islam et plus largement encore différentes écoles de sagesse et de pensée à travers le monde».
Le Festival de Fès de la culture soufie cherche ainsi à «réaliser d'une façon certes modeste, et à ce titre surtout illustrative, un paradigme essentiel pour la survie de notre humanité et une orientation vers un développement qualitatif et solidaire», selon la même source.
La 7e édition de ce Festival s'était déroulée du 13 au 20 avril 2013 , sous le thème : «Qût al Qulûb (Nourritures spirituelles) : Soufisme et Créativité».
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MAROC: Berçeau du Soufisme reçoit des dizaines de Savants de renommés mondiale pour la 8ème édition à Madagh

L'Edition 2014 dont le thème est:
LE SOUFISME ET L’ÉDIFICATION DE L‘HOMME : POUR UNE REFORME HARMONIEUSE
« Soufisme et l’Edification de l’homme: Pour une Réforme Harmonieuse», tel est le thème retenu pour la huitième Rencontre Mondiale du Soufisme de la Tariqa Qadiriya Boudchichiya.

A l’occasion de la commémoration de la naissance du Prophète, près de 55 universitaires, chercheurs et intellectuels du monde entier se réuniront à Madagh (province de Berkane) les 12, 13 et 14 janvier 2014 dans le cadre de la huitième édition de la Rencontre Mondiale du Soufisme, organisée par la Tariqa Qadiriya Boudchichiya, en partenariat avec le Centre Euro-Méditerranéen d’Etude de l’Islam Actuel (CEMEIA). « Soufisme et édification de l’homme : pour une réforme harmonieuse » sera le thème de cette nouvelle édition.

Cette année, la rencontre se concentrera sur la problématique de la construction de l’homme et sur le rôle du soufisme, en tant que tradition spirituelle de l’Islam, dans l’instauration de cet équilibre intérieur et extérieur. Philosophes et réformateurs ont fourni beaucoup d’efforts dans leur recherche d’une organisation humaine parfaite sans les crises et les maladies de ce siècle. Mais ils ne sont pas parvenus à réaliser ni l’équilibre, ni la paix, ni le bonheur de l’humanité. Ces échecs s’expliquent en grande partie par le fait qu’ils se sont focalisés sur la dimension matérielle de l’homme, négligeant de fait sa dimension spirituelle. En tant que science de l’âme et du cœur, le soufisme offre des solutions pour remédier aux crises que connaît l’homme car il appréhende l’homme et ses problèmes dans leur globalité. On peut se rendre compte en effet de la valeur de la religion musulmane et de sa compréhension de la nature humaine à travers son esprit de réforme par étape de l’âme et du comportement. Son but est la réalisation de l’homme par la noblesse du comportement. C’est ainsi dans le cadre d’une approche multidimensionnelle que l’éducation soufie peut être considérée comme un moyen efficace pour trouver des solutions aux problèmes de l’humanité.

Des chercheurs marocains et étrangers en philosophie, sociologie, communication, économie et relations internationales sont attendus. Pendant trois jours, les intervenants se relaieront pour animer les quelques 9 tables rondes et échanger sur leurs différents travaux de recherche. Parmi les intervenants, nous compterons Dr. Salaheddine Mestaoui, membre du Conseil musulman de Tunisie et diplômé de l’Université Zaytouna, (Tunisie), Dr. Waddick Doyle, Professeur Associé et Directeur du département des communications internationales à l’American University of Paris (France), Dr. Mohamed Gamal Abou El Hanoud, conseiller au Ministère des affaires Religieuses et du Waqf (Palestine), Denis Gril, directeur de recherche à l’Université d’Aix en Provence (France), Dr Zakaria Marzouq de l’Université al Azhar (Egypte), ou encore Dr Aidé Abril Saucedo-Medina, docteur en éducation et diplômée de Texas A&M University (Etats-Unis).    
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Les Rencontres Mondiales du Soufisme ont pour objectif de faire connaître les vertus du soufisme au public et de révéler la dimension intérieure et spirituelle de l’Islam, une facette encore trop peu connue. Cette rencontre témoigne de l’importance que donne la zaouïa Qadiriya Boudchichiya à une approche scientifique de la dimension éthique de l’Islam, à l’instar d’autres zaouïas soufies du Maroc qui ont traditionnellement œuvré pour une approche prônant un équilibre entre vie spirituelle, scientifique, culturelle et sociale de la société.

Cette année, la zaouïa annonce le lancement du « Village Solidaire », un forum sur l’économie sociale et solidaire (ESS), pour promouvoir une économie responsable fondée sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. Un événement pour tous les porteurs de projets (associations, coopératives, entreprises, structures d’insertion…) et les acteurs institutionnels œuvrant pour un développement économiques et social harmonieux au service des hommes. Les intervenants mobilisés sont des acteurs de l’ESS, responsables de projets et des directeurs de structures à Paris, Bruxelles et Rabat, tous engagés pour le développement de l’ESS au Maroc. La zaouïa reprend ainsi de manière institutionnelle, son rôle historique d’acteur social.

Communiqué de l'Organisme CEMEIA
http://www.rencontremondialedusoufisme.com/

sursa: yawatani.com

A Chypre, un maître soufi attire des milliers de pélerins

"Bienvenue dans la maison de l'Amour": installé au fond d'une ruelle dans un village de la petite île méditerranéenne de Chypre, un sage soufi attire des milliers de pèlerins venus du monde entier, dont nombre de convertis.AFP - "Bienvenue dans la maison de l'Amour": installé au fond d'une ruelle dans un village de la petite île méditerranéenne de Chypre, un sage soufi attire des milliers de pèlerins venus du monde entier, dont nombre de convertis.

Cheikh Nazim, qui a fêté en avril ses 91 ans, est "l'un des maîtres les plus connus en Occident" de l'ordre des Naqshbandi, un mouvement soufi né en Asie centrale au début du deuxième millénaire, explique Thierry Zarcone, spécialiste de l'islam au CNRS.

Le soufisme est la mystique de l'islam, une façon de pratiquer axée sur l'irrationnel et la recherche d'une relation personnelle avec Dieu, notamment par la méditation, plutôt que le respect des interdits et obligations. Il est décliné par de nombreuses confréries aux pratiques variées.

Les Naqshbandis sont l'une des principales confréries soufies et l'une des plus austères, en raison de leur respect scrupuleux de la charia (loi islamique).

Mais Cheikh Nazim en dirige une branche plus flexible, les Naqshbandi-Haqqani, qui sont omniprésents sur internet et très implantés en Europe et aux Etats-Unis, où ils ont conquis de nombreux convertis.

La pratique soufie "m'a apporté un sentiment de satisfaction que ni ma vie ni mon travail ne me fournissaient plus", explique Jehan Ragab, une Italo-égyptienne qui décidé d'abandonner un bon poste à l'ONU et de se voiler pour devenir une disciple de Cheikh Nazim.

Au début, "ma famille a eu du mal à comprendre, car (...) je faisais ce travail si vital et tout d'un coup j'ai senti qu'il y avait quelque chose de plus important", raconte paisiblement cette quadragénaire célibataire, qui s'est installée il y a plus de trois ans à Lefke, dans la partie nord de l'île occupée par la Turquie. Elle y mène une vie simple rythmée par les cinq prières quotidiennes et les Dhikr, séances hebdomadaires de méditation.

Elle habite près de la derga, la maison commune où des dizaines d'adeptes en turban partagent repas, travaux agricoles, tâches ménagères ou autres services à la communauté -- les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, avec la famille de Cheikh Nazim.

Ce dernier, dont le regard perçant s'est brouillé avec l'âge, sort régulièrement en fauteuil roulant et prononce depuis sa chambre des sermons mis en ligne régulièrement. Mais il n'anime plus lui-même les prières.

Prêche aux accents de talk show

La porte est ouverte, et le visiteur invité à partager l'un des deux repas quotidiens dans les cours intérieures regorgeant de fleurs et de fruits. Disciples installés sur le long terme, pèlerins de passage, voisins venus demander une intercession ou un service, le passage est incessant.

Ce jour-là, des Allemands, Italiens, Suisses, Américains, une Russe et une Pakistanaise, un Belge ainsi que des Turcs et des Chypriotes, entre autres, convergent vers la petite mosquée de la communauté pour une prière suivie d'un prêche sur "l'Amour réel", celui de Dieu.

"Il y a ici des gens d'origine musulmane et des convertis, nous ne faisons pas de distinction", souligne Baha'uddine, fils cadet de Cheikh Nazim, qui a assuré en anglais, la langue commune, ce prêche aux accents de talk show, blagues et anecdotes à l'appui.

"Nos communautés les plus actives se situent en Europe", notamment à Londres, explique-t-il, citant aussi Istanbul, Los Angeles ou le Michigan. Il se refuse à évaluer le nombre de disciples de Cheikh Nazim, et il n'existe aucune statistique sur eux.

Un des gendres du maître, Cheikh Hisham Kabbani, promeut activement son enseignement aux Etats-Unis depuis les années 90. Il a également lancé, en réaction aux attentats de Londres en 2005, un Conseil des musulmans soufis, afin de porter "la voix de la majorité silencieuse" des musulmans modérés dans la sphère politique, face à un islamisme radical en pleine expansion.

"C'est une tentative de développer l'islam dans le monde occidental", explique M. Zarcone. "Il intéresse surtout des personnes qui sont attirées plus par une spiritualité musulmane que par l'islam, et va naturellement leur servir un islam assoupli".

"Cet aspect peut intéresser des convertis mais déplaît beaucoup au reste du monde musulman", souligne-t-il.

Certaines cérémonies sont par exemple mixtes et comprennent ponctuellement un recours à des instruments de musique et à des mouvements de danse, proches de ceux des derviches tourneurs de l'ordre soufi Mevlevi -- des pratiques souvent critiquées.

sursa: france24.com, 27 Octobre 2013

Entretien avec l’artiste et interprète Karima Skalli : «Ma quête de l’art sublime est permanente et je ne céderai jamais devant la loi du marché»

Entretien avec l’artiste et interprète Karima Skalli : «Ma quête de l’art sublime est permanente et je ne céderai jamais devant la loi du marché»Elle a fait un choix. Elle en a, par la suite, fait un mode de vie. Karima Skalli ne compte pas changer sa ligne artistique, pour plaire à un marché fluctuant. Elle veut surtout prendre le chemin d’une militante pour l’amour universel et la passion transcendantale. 

Et pour ceux qui ressassent le cliché «c’est le public qui choisit », elle réplique constamment par cette image de la communion entre ce chant soufi et le grand public, un peu partout. A Ouarzazate, Libé a rencontré l’artiste. Entretien.


Des douces soirées de Ouarzazate aux  beaux jardins des Oudayas, la même saveur et la même ferveur. Comment vous sentez-vous sur scène?

Karima Skalli : Tout d’abord, j’ai l’honneur de prendre part à ces manifestations artistiques et culturelles. Je suis invitée en fonction de ce que je fais, avec des poètes et musiciens. Ce sont des invitations qui émanent d’organisateurs de festivals et rencontres qui prennent conscience de ce type d’art. Tous ceux et celles qui sont convaincus que la poésie nous unit à la passion, ne peuvent qu’aimer cette expression.

Qu’est-ce que vous avez interprété de particulier ?

Pour ma participation aux différentes manifestations cet été, elle relève surtout  d’un sentiment réel de contribuer à la prolifération de ce genre d’art, dans le sens où j’interprète non seulement des chansons, mais toute une culture, une civilisation et un mode d’existence, une sorte d’interprétation de la pensée, de l’amour et de la musique sublime. Ainsi, j’ai interprété quelques morceaux d’une œuvre que je viens d’achever et qui se base sur la poésie d’Ibn Arabi et d’Ibn Zaydoun.
 
L’on prétexte souvent que les goûts des gens ont changé, et que le genre que vous chantez n’est plus à la mode. Qu’en pensez-vous?

Dans tous les cas, je ne pourrai jamais travailler sur commande. Tout ce que je fais émane d’une inspiration profonde et d’une passion  certaine. Je ne suis pas là à guetter les commandes d’un marché «préfabriqué», car je suis bel et bien engagée dans une expérience, bien étudiée et qui ne manque pas de public. Il suffit de voir comment les gens accueillent ce genre de chant à Ouarzazate, Fès, Rabat ou Marrakech ou même à Paris et Bruxelles, pour en voir l’impact. Ce n’est pas un travail régi par l’offre et la demande, c’est surtout une vision culturelle stratégique qui m’inspire depuis toujours et cette quête ne s’arrêtera pas. Pour moi, la poésie soufie est un monologue, un dialogue et un souffle qui me permet l’identification, le repère et partant cette voie de partage.

C’est un choix donc?

Même pas. Je n’ai pas à choisir. Il s’agit d’un appel profond au niveau intérieur, et avant tout, cela reste l’œuvre d’une inspiration. Il y a eu d’abord cette participation à Fès, en 2000 et de là, j’ai approfondi ma connaissance surtout avec notre patrimoine du Samaa et de la belle poésie. J’ai trouvé un plaisir incommensurable à pénétrer un monde où l’art n’est qu’une partie d’un mode de vie. C’est ainsi que la connaissance permanente me permet de suivre cette quête extraordinaire. J’avais chanté Layla, symbole de l’amour et que les soufis ont emprunté pour fêter l’amour et j’ai fait Abou El Hassan Chouchtari, prince andalou, dont la poésie reste une perle rare.

Et la recherche au niveau du patrimoine?

La richesse est là, c’est comme s’il y a de l’or, mais qu’est-ce qu’on va faire avec ? La recherche ou la découverte, c’est une fouille permanente pour modeler.  Il s’agit d’un projet interminable qui mérite l’intérêt de plusieurs artistes à la fois, et l’on ne parviendra  jamais à bien le cerner, car nous sommes face à un monde d’idées et de réflexion. Moi, je ne m’en lasse pas du tout.
Il y a certes certaines contraintes, mais elles m’incitent à déployer davantage d’efforts. En fait, mon expérience était individuelle au niveau de la production et du travail. Je dois donc faire des recherches personnelles et travailler techniquement ma voix, parce qu’il n’y a pas vraiment de producteurs pour ce genre d’art… Le marché s’oriente de plus en plus vers l’aspect commercial.

Cela reste évidemment difficile?

Le mot « facile » détruit l’œuvre à ma connaissance. Il faut savoir que tout projet nécessite  toujours un travail de construction. Une recherche approfondie et méticuleuse est nécessaire avant d’entamer cette phase de production. Je ne trouve pas la voie facile, mais il y a toujours cette inspiration, cette passion, cet appel qui me propulse pour aller de l’avant. L’effort et la souffrance, l’expérience, les contraintes sont un tremplin magnifique pour tout artiste qui sait les mettre de son côté. L’objectif est d’aller au bout de soi-même, chaque épreuve doit donner plus de force pour ce combat.

Quand on chante l’amour?

L’élévation et la transcendance méritent bien un chant … c’est un appel aux âmes nobles, à cette partie que toute personne possède, il suffit de l’interpeller et de la secouer … Nous devons transporter le public vers une connaissance sublime, un goût élevé et un art de qualité. L’aboutissement est cette communion avec l’autre et cette énergie renouvelable à chaque fois que vous chantez et enchantez un grand public. L’artiste a aussi une mission qu’il ne faut pas oublier.

Vous êtes bel et bien dans une pensée universelle ?

L’amour c’est ma nature, la vie, en général, nous invite à plus de sollicitude pour les bonnes choses. C’est ce retour aux sources, aux vérités que constitue depuis toujours la pureté naturelle de la naissance. Nous devons faire face à tout ce qui pollue nos espaces. On veut bien que cet amour nous «protège». Il y a la liberté dans l’espace, sans pour autant avoir peur d’aller vers les cimes.

Propos recueillis par Mustapha Elouizi
Mardi 3 Septembre 2013
sursa: liberation.ma

Eric Geoffroy : Le soufisme, mode d’emploi

Eric Geoffroy, islamologue, déjà auteur d’un certain nombre d’ouvrages sur le soufisme, vient de publier un « guide pratique » sur cet aspect souvent méconnu et controversé de l’islam. Un défi qu’il relève avec recul et objectivité, offrant aux musulmans d’aujourd’hui que cela intéresse de quoi réfléchir à leur relation à la religion. 

 

Nous le savons tous, il n’est pas nécessaire d’être « soufi » pour être un bon musulman. Hormis le respect des cinq piliers de l’islam, il y a d’ailleurs de très nombreuses manières de vivre sa religion, selon le Coran lui-même. Mais pour tous ceux que cette discipline particulière de l’islam qu’est le soufisme intéresse, le nouveau livre intitulé tout simplement Le Soufisme, d’Eric Geoffroy, paru aux Editions Eyrolles en juin 2013, devient quasi incontournable.

Un guide pratique ? Oui, mais plus encore. Pour plagier Woody Allen, vous trouverez dans cet ouvrage tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le soufisme sans jamais avoir osé le demander.

Dans un langage simple , et quand il ne l’est pas, expliqué dans des encadrés précis et succincts, l’auteur offre au lecteur un voyage subtil dans le temps et dans son temps.

Au-delà des idées fausses

Après avoir rectifié préjugés et idées fausses couramment répétés par les adversaires du soufisme, Eric Geoffroy en trace l’évolution depuis le Prophète Muhammad (PSL) et ses compagnons jusqu’à aujourd’hui. Il offre ainsi une sorte de travelling historique qui permet de comprendre la présence de cette pratique de l’islam dans le monde musulman, ses grandes personnalités comme Ghazali, Ibn Arabi, Rûmî et tant d’autres, son rayonnement, sa diversité dans ses formes.

Le lecteur pourra également découvrir de manière très concrète ce que sont aujourd’hui les pratiques soufies, leurs significations ancrées dans le Coran. Certes, il existe des différences d’une Voie à l’autre, mais l’auteur met en valeur leur part commune : la recherche de l’excellence du comportement en imitation du modèle muhammadien.

Un secret révélé

Des fondateurs des confréries, à partir du XIIe siècle, jusqu’à leur expansion dans les villes d’Occident aujourd’hui, où elles attirent un public important, malgré l’image négative de l’islam véhiculée par les discours médiatiques et politiques, le but recherché reste le même : s’il reste fidèle à ses origines sacrées, l’homme trouve en lui et en Lui tous les moyens de se perfectionner, de faire un effort sur lui-même, pour se rapprocher de son Créateur.

C’est la première fois qu’un public d’Occident a accès à certaines informations explicitées dans ce guide. Il y a là sans doute un signe des temps, car longtemps la pratique du soufisme et toute forme d’appartenance à cette façon de vivre son islam, relevait du secret.

A ce titre, ce livre intéressera non seulement les musulmans qui souhaitent en savoir plus ou vérifier leurs connaissances, prendre des points de repère soigneusement vérifiés, mais aussi tous ceux qui, venant d’autres horizons, ont la curiosité de s’informer sur la mystique musulmane qui, depuis des siècles, irrigue l’histoire de l’islam dans le monde.


Eric Geoffroy : Le soufisme, mode d’emploi
Le Soufisme, Eric Geoffroy, Editions Eyrolles, coll. « Pratique », 10 €.

Sommaire
• Le soufisme d'hier à aujourd'hui,
– Ce que le soufisme n'est pas
– Expériences pionnières (VIIIe-Xe siècles) et intégration dans l'espace sunnite (Xe-XIIe siècles)
– Epanouissement doctrinal et structuration sociale (XIIIe siècle)
– Le soufisme dans la modernité : la critique

• L'expérience
– Les fondements de l'expérience : le Coran et le Prophète
– "Se connaître soi-même, c'est connaître son Seigneur"
– Cheminer sur la voie de l'Unicité

• Le soufisme au quotidien
– Maître et disciple : l'affiliation à une confrérie
– Les méthodes initiatiques
– La vie d'une confrérie



Par Marie-Odile Delacour*

* Marie-Odile Delacour est l'auteure (avec Jean-René Huleu), notamment, de Le Voyage soufi d’Isabelle Eberhardt (Éd. Gallimard - Joëlle Losfeld, 2008). 

sursa: saphirnews.com/Eric-Geoffroy-Le-soufisme-mode-d-emploi