3) La nécessité du maître éducateur authentique et la condition de l'autorisation
Celui dont l'ardeur devient grande et l'âme aspire à connaître la Réalité des mystères, de l'invisible et le savoir divin transmis, que le Prophète Moussa (sur lui la Paix) a demandé à apprendre auprès du serviteur vertueux, doit demander ce qu'il cherche non pas aux savants de la Chari'a, spécialistes du fiqh et des fatwa, mais auprès des Saints et des Connaisseurs, spécialistes de la guidance vers Dieu et de l'éducation des âmes.
Parmi les signes du Chaykh éducateur, celui de s'enterrer dans la servitude et de ne rien prétendre ou dévoiler sans l'autorisation et la Volonté de Dieu. Cette autorisation, requise pour l'éducation des âmes, est un signe divin. Elle préserve le Chaykh avec ses disciples de tous les fléaux.
Il est connu que la Révélation (al‐wahy) est réservée aux Prophètes et se fait par l'intermédiaire de l'Ange, et que le message divin, émanant des cœurs bons, purs et vides de tout ce qui n'est pas Dieu, arrive à certains connaisseurs. Ceux qui ont l'autorisation spéciale parmi tous les Saints et les Connaisseurs sont les seuls à avoir le droit d'exercer l'éducation et la purification des âmes avec des moyens légitimes extérieurement et abstraits et spirituels intérieurement. Ce sont les détenteurs du secret et du flux spirituel (al‐madad).
Ce genre d'autorisation doit provenir du cœur, station des Manifestations du Créateur, et ne doit pas être entendu avec les oreilles pour éviter de confondre entre les messages divins et les cris des esprits (les djinns). Il doit se répéter jusqu'à ce qu'il soit vérifié et se produire pendant l'éveil. Ceci montre que ce qui qualifie le Chaykh à l'exercice de l'éducation spirituelle n'est pas seulement d’atteindre le degré de la sainteté et de la connaissance, mais aussi d’obtenir l'autorisation spéciale. Et si cela ne lui arrive pas, il reste alors au niveau de la guidance et de la simple invocation comme acte d'adoration, et donc loin du niveau du traitement et de la guérison des âmes, inaccessibles sans l'autorisation de leur Créateur.
Le Chaykh, dans l'éducation spirituelle, ne doit pas se contenter de l'autorisation de son maître pour éduquer les âmes, les traiter et les purifier. Il lui faut surtout l'autorisation de Dieu car c'est la base de la réussite, de la guidance et de la préservation du maître et de ses disciples.
Il faut souligner la différence entre l'appel à l'Islam ou sa diffusion, qui signifie l'appel au respect de ses règles, et l'appel vers Dieu qui signifie l'appel à rejoindre le chemin vers Sa connaissance. Il faut aussi marquer la différence entre la guerre sainte (al‐jihad fi sabili Allah), à propos de laquelle Dieu a dit: "ceux qui ont émigré et lutté dans le sentier d'Allah, ceux‐là espèrent la Miséricorde d'Allah" (Al‐Baqara 2, verset 218) et la lutte dans l'Essence de Dieu (al‐ jihad fi dhati Allah) à propos de laquelle Il a dit: "Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers" (Al‐'Ankabut 29, verset 69). Le premier de ces sentiers est celui menant vers Sa connaissance et les secrets de Son essence. La lutte dans l'Essence de Dieu est liée à l'éducation des âmes de Ses serviteurs et nécessite Son autorisation.
L'éducation et l'appel vers Dieu avec Son autorisation sont un acte légitime et une tradition prophétique. Le Prophète (PSsl), le premier à éduquer et appeler vers Allah, n'a pas agi sans l'autorisation de Dieu et ce malgré son haut degré de prophétie. En effet, il n'a pas commencé à appeler vers Dieu dès la première révélation quand Dieu a dit: "Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l'homme d'une adhérence" (Al‐'Alaq 96, versets 1,2). Alors, quand il a reçu la parole de Dieu: "ô, toi! Le revêtu d'un manteau! Lève‐toi et avertis et de ton Seigneur, célèbre la grandeur" (Al‐Muddathir 74, versets 1‐3), il a commencé à appeler les gens secrètement. Et il est resté ainsi jusqu'à ce que Dieu lui révèle: "Expose donc clairement ce qu'on t'a commandé et détourne‐toi des associateurs. Nous t'avons effectivement défendu vis‐ à‐vis des railleurs" (Al‐Hijr 15, versets 94,95). Ensuite, Dieu lui a précisé la méthode et le cadre de l'appel vers Lui en disant: "Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon" (An‐Nahl 16, verset 125). Ceci est l'unique méthode divine posée et indiquée pour toutes les voies soufies et les appelants vers Dieu. Celui qui dévie de ce chemin est en dehors du Livre de Dieu et de la tradition de Son envoyé (PSsl) et est considéré comme un innovateur, égaré et trompeur.
Si le Prophète (PSsl) n'a agi qu'avec l'autorisation de Dieu, il en résulte que le Saint est d'autant plus tenu d'obtenir l'autorisation de Dieu et de Son prophète avant d'agir. L'autorisation de la prophétie se fait par la révélation et celle de la sainteté, par le message adressé au cœur. Le rang de la sainteté vient après celui de la prophétie, et le Saint n'atteint pas le rang de la sainteté s'il ne suit pas le prophète (PSsl). Dieu s'est adressé à Son messager en disant: "Dis : “Voici ma voie, j'appelle les gens [à la religion] d'Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une preuve évidente. Gloire à Allah ! Et je ne suis point du nombre des associateurs" (Yusuf 12, verset 108).
L'appel vers Dieu se base donc sur "al‐bassira" (la preuve évidente) en tant que sens intérieur avant d'être une pensée extérieure en se basant sur la vue et l'observation. L'appelant vers Dieu doit alors se baser sur "al‐bassira" afin d'éviter de tomber dans l'associationnisme, apparent ou caché, qui peut toucher sa sincérité et sa fidélité et non pas sa
croyance et sa foi. De nos jours, des personnes, que l'on peut qualifier d'hypocrites, feignent d'appeler vers Dieu ou d'agir pour le bien de l'islam et des musulmans en cachant des objectifs matériels ou politiques. Il est dit dans la Torah que la personne qui appelle vers Dieu au nom de Dieu est un prophète et celle qui appelle au nom de Dieu pour arriver à ses propres besoins est un menteur. De même, la personne qui agit au nom de Dieu pour le bien de l'islam est sincère et celle qui, de manière apparente, agit au nom de l'islam alors qu'en vérité, elle agit pour atteindre la célébrité ou pour quelconque intérêt personnel, est menteuse.
Quant à celui qui agit de lui‐même, sans autorisation ni de son Chaykh, ni de Dieu ou de son messager, en prétendant la droiture et l'appel vers Dieu et en donnant diverses invocations de manière arbitraire, est un damné et un destructeur. Nous constatons effectivement, à notre époque, des malheurs de jeunes gens rendus malades psychologiquement et spirituellement par des personnes se proclamant maîtres éducateurs spirituels en se faisant des illusions et en apprenant quelques théories soufies, tout en ignorant que l'éducation, qu'elle soit physique, mentales ou spirituelle, exige un éducateur spécialiste, compétent et plus fort que l'éduqué. Le corps fort éduque le corps faible, l'esprit cultivé éduque l'esprit non cultivé, les Saints autorisés pour l'éducation spirituelle éduquent les gens non autorisés, les cœurs qui ont connu leur Seigneur éduquent ceux qui sont voilés de Lui… Si une telle organisation est perturbée et si les choses ne sont pas mises à leur place, alors les résultats négatifs apparaissent. L'éducation des âmes est la plus dangereuse de tous les types d'éducation car elle traite la quiddité (l'essence) de l'être humain.
Afin de faire face à d'éventuels dangers et d’illustrer les repères sur la voie de la Vérité, nous avons choisi la méthode de la voie Qadiriya Boudchichiya comme style éducatif pour cette étude avec son maître actuel le Hadj Hamza fils de Hadj Al‐'Abbas.
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