La réalité du cœur dans le soufisme - 5

4) Les moyens intellectuels et spirituels pour atteindre la Réalité

Il est certain que la Réalité cachée ou la Connaissance divine ne s'acquiert pas par les écrits et la lecture. La Réalité est une lumière qui éclaire les cœurs et ne s'écrit pas dans les livres sauf pour être décrite. Or la description n'est pas la réalité. Le moyen d'atteindre cette Réalité est la communication spirituelle avec  son univers  si particulier, celui qui passe la logique et le mental. Contrairement à ce dernier, le monde spirituel n'est pas une créature et n'est pas limité. Compter sur la créature dont les sens sont limités pour atteindre un monde qui n'est pas une créature et qui est illimité c'est comme donner un coup dans le vent et écrire sur l'eau. Aucun des philosophes ou des intellectuels n'est arrivé à un résultat en cherchant dans ce sens,  contrairement à ceux qui commencent le voyage spirituel se limitent les sens du mental. Ils emploient la force mentale pour étudier et exploiter la matière, et la force spirituelle pour aller audelà. Comme le montre  l'expérience spirituelle de l'Imam AlGhazali auprès d'un maître éducateur spirituel. Il a couvert ainsi sa propre réalité et s'est connu lui même avant d'essayer de couvrir la réalité des autres.

C'est peutêtre la différence entre le travail du souf et celui du philosophe. Le soufi commence  par  essayer  de  découvrir  sa  propre  réalité  à  travers  l'éducation  spirituelle,  la dépendance au Dhikr, la lecture du Coran et la communication des âmes. Après avoir connu l'ouverture de l'œil du ur (Albassira) avec lequel il  perçoit la Réalité divine, il essaye de couvrir un monde de lumière qu'il ignore et où sa réalité rencontre celle de ses semblables. "Celui qui se connaît soimême connaît son seigneur" et celui qui ignore sa réalité ignore celle des autres et encore plus celle de son seigneur.

Quant au philosophe, il essaye de couvrir la réalité des choses, mentalement, dans le cadre qui l'entoure. Dès qu'il couvre une réalité, il s'y attache jusqu ce qu'il en découvre une autre qui la rend caduque. Il se met alors sans cesse à chasser les réalités comme le marin
qui pratique la pêche avec un filet troué, ce qui entre d'un côté sort aussitôt de l'autre. C'est ce qu'a  voul montrer  l'Imam  AlGhazali  après  son  expérience  spirituelle  dans  son  livre  " L'incohérence des philosophes". Platon, le doyen de la philosophie grecque, a eu des opinions concernant  le  système  de  la  vie:  il  a  appelé  à  répandre  la  propriété  et  les  femmes  et  à reconstruire le système familial comme solution aux litiges. C'est en fait le communisme qui a causé le désordre et créer les litiges, et qui a construit la dictature communiste. L'opinion de Platon veut faire comprendre que la philosophie est une pensée supérieure réservée pour les nobles  et que la pensée économique est une science  inférieure  réservée aux esclaves.  Or, l'expérience a montré que s'il n'y avait pas des esclaves qui travaillaient dans les champs, les nobles mourraient de faim.

Sont exclues des études de Platon des recherches enregistrées dans l'histoire et qui ont porté sur  l'origine  de l'organisateur  de l'univers. Il a reconnu  l'existence d'un  organisateur supérieur qui voit tout et qu'on ne voit pas. Il s'est demandé: "d'où estce qu'il s'est formé un tel système si parfait et entouré de magnificence et de majesté? Cela ne peut pas être du fait du hasard.  Il est donc cessaire de croire  en  l'existence  d'un esprit supérieur,  le créateur unique. La nature contient des traces qui, dans leur union, prouvent l'unicité du créateur qui exécute son ordre sans erreur. Il est présent et absent, il voit et n'est pas visible. Il est donc impossible de l'atteindre par les sens physiques.  Il est comme  le soleil qui arrive à tout le monde mais ne laisse personne  le regarder.  Mais comment  s'appelle  ce créateur? A‐til un endroit comme le soleil ou est‐il présent partout?

La  théorie  du  philosophe  Platon  a  certes  abor le  sujet  sur  la  recherche  d'un organisateur de  l'univers, cependant, il ne connaissait pas un autre moyen pour arriver à la Connaissance cachée à part le mental. Selon le philosophe Marx, le mental, qu'il soit supérieur ou inférieur, est terrestre et ne se dissocie pas  de la matière dont il est issue. L'homme naît sans sa force mentale, puis il commence à l'acquérir à travers la matière. C'est juste une force dont Dieu a doté l'homme pour qu'il soit capable de peupler la terre. Il l'a doté aussi de la force spirituelle  afin  qu'il  puisse  remplir  son  cœur  par  les  sens  nobles  et  éternels  et  avoir  la possibilité de connaître son créateur dont il croit en l'existence préalablement. Dieu dit dans son Saint Coran :  "Et Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour M'adorer" (AzZariat 51, verset 56), cela veut dire: "pour Me connaître". Le sort pour lequel les djinns et les hommes ont été créés est conntre Dieu et non pas l'ignorer. Dans un Hadith qudsi il est rapporté: "J'ai été  un  trésor  bien  caché,  alors  J'ai  fait  la  création  pour  qu'elle   Me  connaisse".  Si  la connaissance de Dieu devait se faire avec la force mentale, les philosophes et les penseurs y seraient donc arrivés, bien avant les saints et les connaisseurs, et parmi eux des illettrés, qui ont atteint la connaissance divine avec leurs âmes bonnes et pures.

Platon a eu raison en disant qu'il existe un organisateur de l'univers qui voit tout sans être visible et qui ecute son ordre sans faute. Il est donc arrivé jusqu'à la porte de l'unicité et de la foi mais sans la franchir. Cependant, l'organisateur de l'univers n'est pas le mental même si le philosophe l'a qualifié de supérieur. Le mental a parfois raison mais se trompe aussi. C'est Dieu qui a créé cette force mentale, il a créé l'univers et l'a organisé et il a créé aussi la matière et l'âme. C'est avec l'âme qu'on atteint Sa Réalité et non avec le mental.

La Réalité suprême est celle que découvre l'invocateur dans son for intérieur. C'est la seule qui ne  connaît  pas le doute ou l'annulation.  Elle n'est pas sujette au vrai et au faux comme  le  mental  parce  qu'elle  provient  de  Dieu.  Dieu  ne  transmet  pas  à  ces  adorateurs quelque chose de douteux ou comportant des erreurs. L'homme, de par sa nature, peut mettre en doute et dénier les autres mais ne fait pas la même chose pour soimême notamment en ce qui concerne son cu. La Réalité n'est pas atteinte en faisant des recherches mentales sur la réalité des choses. En considérant cette Réalité, l'imam AlGhazali a fait la critique de soimême et n'a pas pris en considération les résultats de la pensée philosophique qui a occupé son esprit pendant une partie de sa vie. En considérant son expérience spirituelle, son opinion dans son livre  "l'incohérence  des  philosophes"  devance  celle  d'Ibn  Ruchd  (Averroès)  dans  son  livre "l'incohérence de l'incohérence". AlGhazali est passé d'une force mentale terrestre et limitée à une force spirituelle divine et sans limite alors qu'Ibn Ruchd est resté à sa station bloqué sur une mentalité terrestre et limitée. Ce qui a été nommé "la philosophie soufie" ou "le soufisme philosophique" n'a rien à voir avec la réalité et n'a aucune existence dans le domaine de la Connaissance divine.

Les gens de la réalité soufie ne sont pas des philosophes ni des penseurs et il y a parmi eux des illettrés.  Les flux divins qui débordent de leurs âmes, comme ce fût le cas pour les compagnons du Prophète (pssl) sans qu'ils soient qualifiés de philosophes ou penseurs, ne font aucune différence  entre  une  âme  et une  autre.  C'est  ce  que  ne  peuvent  pas  comprendre certains intellectuels notamment  ceux  atteints  par  l'esprit  de  contestation et de  négation. Leurs idées inquiétantes et tordues ont failli détruire l'esprit de miséricorde et de  pacifisme que nous avons hérité. Dieu a heureusement arrangé les choses.

Les sens intérieurs émanant du cœur sont loin d'être un produit philosophique comme certains peuvent s'imaginer. Ce sont des véris divines, vécues par les rapprochés. Ceux qui ont appelé cela de "la philosophie soufie" ont eu tort et ont perdu leur temps sans arriver à un résultat. Ils ont essayé d'interpréter ces sens  mystérieux par la pensée et de comprendre le fond  de  ces  vérités  par  la  linguistique  alors  qu'elles  ont  été  rédigées  dans  une  langue  se rapportant au goût spirituel. Ils ont alors sculpté les mots, comme les pierres, sans atteindre leur intérieur. En quelle langue et avec quelle force mentale, un orientaliste peutil arriver à comprendre  le  sens  de  "  la  station  de  l'extinction  et  de  l'éternité":  l'extinction  des  sens physiques et l'éterni des sens abstraits. Ceci étant la colonne vertébrale de la réalité soufie. Si l'orientaliste connaît le sens matériel extérieur, il ignore le sens lumineux et intérieur, perçu seulement par le cœur et l'âme et non par le mental.

Les soufis ne sont pas des penseurs qui approfondissent la recherche mentale afin de comprendre  des  choses  matérielles,  ni  des  éloquents  qui  emploient  la  linguistique  pour embellir et améliorer les mots en l'absence de tous sens intérieurs. Les soufis sont des gens qui tiennent  les  vérités  cachées  et  qui  font  référence  à  une  réalité  abstraite,  spirituelle  et vivante avec une langue spéciale dont ils connaissent  les secrets. Les termes utilisés sont les mêmes  mais  les  significations  sont  différentes  entre  une  science  et  une  autre.  Prenons l'exemple de l'expression "Dieu a dit": dans la grammaire c'est un sujet et un verbe; dans la logique c'est le prédicatif et la thèse; chez les soufis, le sujet "sélectif" est Dieu, et le verbe
"action" se fait par la volonté de Dieu. Ils ont interprété la grammaire en utilisant une langue spécifique à eux, "une langue de goût". L'imam AchCha'rani a dit que le Chaykh peut éduquer le disciple avec la grammaire. Dans l'exemple suivant: "l'homme adore Dieu", quel est le sujet de la phrase?  Et quel est le complément  d'objet?  Estce l'homme qui adore par sa propre volonté ou par l'autorisation et la volonté de Dieu? L'acte se fait donc par la volonté de Dieu. Allah a dit: "Dieu vous a crées, vous et ce que vous faites" (AsSaffat 37, verset 96), Dieu est le sujet  et  tout  se  fait  par  Sa  volonté.  Dans  ce  domaine,  les  gens  de  la  grammaire  et  les traducteurs  se sont retirés pour laisser place aux gens de la réalité cachées  qui dépassent, moyennant la transparence de leurs goûts, les moules et les formes des termes pour traduire les sens et les notions qu'ils comportent.  C'est le  cœur qui traduit les sens, ce n'est pas le mental. C'est une philosophie des cœurs et non une philosophie mentale.

Concernant la spécificité des soufis dans ce domaine, Ibn Khaldoun a écrit: "ils ont des manières qui les caracrisent et un usage des mots bien à eux. S'il y a usage des termes dont le sens n'est pas courant, nous avons emplo d'autres mots dont la compréhension  est plus facile. Les soufis se sont spécialisé dans ce genre de science qui reste inaccessible aux autres spécialistes de la Shari'a" (extrait du livre Almuqaddima, L'introduction). Si les spécialistes de la Shari'a ne peuvent  pas traiter  ou parler de cette science,  comment  alors  cela peut être possible pour les intellectuels et les penseurs? C'est donc l'origine de l'erreur des gens de  la Shari'a et des intellectuels quand ils mettent leur nez dans la spécialité des autres alors qu'ils brillent dans  leurs domaines. Si l'intrusion est mauvaise et détestable, elle l'est plus dans le domaine de la science, et elle l'est encore beaucoup plus dans le domaine de la Réalité Divine.

Certainement,  en dehors  des  soufis,  les autres  spécialistes  de la Shari'a  n'ont pas  à s'introduire dans cette science. De même que pour les soufis qui ne sont pas spécialistes de la Shari'a, il n'est pas permis de  parler de la science de la jurisprudence.  La société islamique actuelle est touchée par l'apparition de ce qu'on peut qualifier d'"adolescents" en matière de science. Ils ne sont ni savants de la Shari'a ni savant de la Haqiqa. Ils ont attaqué les gens de la réalité soufie et se sont mis à donner  leur avis en matière de jurisprudence.  Leur  mauvais comportement a créé de l'ignorance et ils sont devenus même plus dangereux pour l'islam que les  ignorants qui  ont eu conscience  de  leur  niveau  et qui  se  sont  tus.  Ce  qui  accentue la gradation  et  retarde  la  bonne  marche  vers  une  formation  scientifique  saine,  c'est  la délivrance  des  dipmes  supérieurs  et  les  doctorats  en  sciences  religieuses.  Autrefois,  les grands savants marocains avaient exprimé leur crainte à l'égard de l'instauration du système des diplômes au détriment de l'envie d'apprendre  la science.  Le roi Hassan II avait bien fait d'interdire, lors des causeries religieuses pendant le mois de Ramadan, d'appeler le savant en disant Docteur mais Professeur ou "Allama" qui veut dire savant ou puits de science.

Un savant a établi un commentaire concernant certains imposteurs de la science qui donnent leurs avis personnels à propos de la Shari'a dans le but de satisfaire les gens et d'avoir leur agrément et de bénéficier de leurs biens. Il a cité un passage modifié d'un verset du Coran
: "Certainement, Dieu ne craint que les savants parmi Ses serviteurs" (de tous les serviteurs de Dieu,  seuls  les  savants  Le  craignent  véritablement).  Cela  veut  dire  que  Dieu  "craint"  ces imposteurs qui  sèment  la  corruption tout comme  les  enfants d'Israël  qui  ont corrompu la
Shari'a du Prophète Moussa. Ce commentaire est considé comme anecdote et n'est pas à prendre en compte dans l'application de la Shari'a.

A propos du prophète Moussa, Dieu le Majestueux a dit: " Demande‐leur : «Qui donc a révé l'Écriture que Moïse a apportée comme lumière et direction pour les hommes? Ce Livre que vous écrivez sur des feuillets,  pour n'en montrer qu'une partie, tout en cachant tout le reste"  (Alan'am  6,  verset  91).  Dieu  a  dit   concernant  le  châtiment  réservé  à  ceux  qui dissimulent ce qu'Il a révélé du Livre : " Ceux qui dissimulent ce que Dieu a révélé du Livre et qui le  troquent  à  vil  prix,  c'est  comme  s'ils  remplissaient  de  feu  leurs  entrailles.  Dieu  ne  leur adressera pas la parole le Jour du Jugement dernier et ne leur accordera pas Son pardon, mais un châtiment douloureux leur sera infligé. Voilà ceux qui échangent la Vérité contre l'erreur et qui troquent le pardon de Dieu contre le châtiment de l'Enfer ! Et quelle endurance il leur faudra pour supporter les affres de la Géhenne! Il en est ainsi parce que Dieu a vé le Livre en tant que Message de vérité, et que ceux qui se livrent à des controverses à son sujet s'engagent dans une profonde divergence." (Albaqara 2, versets 174, 175, 176). Dieu a encore dit: " Ceux qui dissimulent les signes évidents et la bonne direction que Nous avons clairement vélés dans le Livre, ceux seront maudits de Dieu et de tous ceux qui peuvent les maudire, à l'exception de ceux qui se repentent, s'amendent, divulguent la vérité. À ceux‐ J'accorderai Mon pardon, car Je suis Plein de clémence et de compassion." (Albaqara 2, versets 159, 160).

Dieu a attribué à la réalité soufie, des savants de la Shari'a, authentiques, vertueux et correcteurs,  comme l'imam AlGhazali, Achcha'rani, Ibn Taymiya, Achchatibi, Abou Talib Al makki, Assayouti,  Tajeddine  Assabki, Ibn Khaldoun, Ibn Hajar, Ibn Alarabi, Ibn 'Abidin, Ibn
'Ajiba, et le sultan des savants Azzedine Ibn Abdessalam. Nous aurons l'occasion de les citer et
d'analyser leurs avis chacun à sa place. Ces imams et savants ont pu élever la réalité du cœur et la protéger contre les combines de ses détracteurs, des imposteurs et des hypocrites.

Ils ont pris des positions dans la religion et dans la société, ils ont établi des travaux scientifiques afin de servir et de préserver la Shari'a et ils ont démontré à travers cela que la quête de la réalité divine n'est pas une sorte de refuge ou de fuite de la société corrompue et de la réalité comme certains peuvent s'imaginer.  C'est, au contraire,  pour avoir la force de confrontation  et  le  pouvoir  d'entrer  dans  la  réalité  du  monde.  C'est  aussi  pour  pouvoir participer efficacement  dans  le  combat  de  la  vie  comme  le  montre  le  comportement  des compagnons  du  Prophète  (pssl).  Ce  sont  les  premiers  issus  d'une  société  préislamique corrompue. Ils ont demandé la réalité à travers l'éducation du Prophète (pssl) et ils ont cu pour  l'atteindre.  Ils  ont  combattu  dans  le  but  de  répandre  l'islam  et  bâtir  la  civilisation islamique. La société n'a rien à gagner avec des gens vertueux qui fuient la réalité mais a tout à gagner avec des gens forts par Dieu possédant des caractères nobles. Ce sont des gens qui ont l'immunité divine et qui se mettent en plein milieu du feu de la corruption et de la discorde sans  se  brûler.  Un  formateur  actif  et  fort  est  celui  qui  corrige  le  corrompu  alors  qu'un individu passif et faible le fuit. Le Prophète (pssl) est le premier réformateur actif et fort par Dieu  qui a pu corriger une des sociétés les plus corrompues. Il est le guide des saints et des connaisseurs et la source de toutes les réalités du ur.

Audelà de la réalité soufie, qui a souvent été attaquée par ses détracteurs privés de son secret,  actuellement,  les études islamiques ont été atteintes par l'œuvre d'écrivains qui ont dépassé  la  limite  de  leur  spécialité.  Après  avoir  écho dans  des  domaines  comme  la philosophie, la litrature ou l'histoire, ils se sont mis à donner des avis dans le domaine de la loi islamique. Alors des problèmes sociaux sont apparus et les accusations d'apostasie (irtidad) se sont multipliées et par conséquent, des fatwas d'exécution  ont été  annoncées.  Ce qui a provoqué des mises en exil et des chirements de familles. La socié islamique a plus que jamais besoin de quiétude, de curité et de stabilité au lieu de tout ce qui peut être cause de désordre, de déséquilibre et de perturbation.

Il est certain que le fait d'aborder la science islamique sans connaissance et de manière désordonnée est un des signes du jour dernier. En effet, le messager de Dieu (pssl) a dit: "si les affaires sont mises entre les mains de gens dont ils ne sont pas aptes, alors tu n'a qu'à attendre l'arrivée du jour dernier".

Certains fuqaha (légistes musulmans) annoncent des jugements pour s'accorder avec les envies des gens  au lieu d'observer  la loi divine. Un tel comportement a provoqué, dans la société, un effet négatif d'un coté sur la connaissance de la réalité du cœur et de la spiritualité, et de l'autre sur la connaissance de la loi islamique (Shari'a), du Livre d'Allah et de la Sunnah de son messager. Ils ont corrompu l'esprit du musulman ordinaire qui a commencé à mettre en doute les valeurs spirituelles et les principes sacrés de la Shari'a, au point par exemple  que l'individu se questionne à propos de l'usure, et en lui répondant par ce verset coranique: "Ô vous qui croyez ! Craignez votre Seigneur et renoncez à tout reliquat d'intérêt usuraire, si vous êtes des croyants sincères ! Et si vous ne le faites pas, attendezvous à une guerre de la part de Dieu et de Son Prophète" (Albaqara 2, versets 278, 279), alors l'homme réplique: un tel shaykh l'a autori. Il pèse la parole de Dieu contre la parole d'un shaykh. On remarque de nos jours que  la  plupart  des  gens  ne  demande  pas  à  savoir  ce  que  Dieu  a  autorisé  ou  interdit.  Ils cherchent au contraire un shaykh ou un faqih pour justifier leur acte tout en ignorant que la responsabilité demeure toujours et ne peut être levée par une fatwa contraire au Livre, à la Sunnah et au consensus (ijma'). Dieu n'accepte que le jugement conforme à la Shari'a. Or, la responsabilité du mufti (celui qui prononce un jugement) est plus grande que celle de celui qui subit le jugement.

La  liber de  recherche  dans  les  études islamiques  est  assurée  pour  les  spécialistes fidèles et respectant la Shari'a dans la recherche et la pratique. Pour d'autres, qui ne font pas la différence entre les choses ordinaires et les choses sacrées, la liberté d'expression et d'opinion a dépassé les limites. Elle a provoqué le désordre et créé des problèmes sociaux. C'est l'œuvre de certains écrivains, philosophes et historiens parmi les enseignants universitaires qui, au lieu de se consacrer à leurs spécialités, ils se sont orientés vers les études islamiques sans aucune connaissance de la Shari'a et de ses sources. Les savants de la Shari'a et de la Haqiqa ont donc été combattus dans leur propre domaine à cause du vide laissé par l'extinction de la flamme de l'amour de la science et par la disparition des savants qui ont renoncé à la recherche et l'étude pour se consacrer à d'autres domaines. Si le faucon déserte son nid, le corbeau se l'approprie. La vue de ce dernier  provoque  le pessimisme.  Il est donné comme exemple à cause de sa
couleur sombre et de la longueur de son bec. Il se nourrit de petites bêtes faibles comme l'ont fait les écrivains, les philosophes et les historiens en s'appropriant la mission des savants de la Shari'a.

Quan on  applique   la  religion,  on  privilégie  l'opinion  du  spécialist à  celle   du "participant" (c'està‐dire celui qui n'est pas spécialiste mais peut donner son avis du fait de sa connaissance). Par exemple, on privilégie l'opinion d'Alhafid Assakhaoui, spécialiste du Hadith à celle d'Alhafid Assayouti qui a étudié plusieurs sciences. Le Khalifa Omar ibn Alkhattab a dit: "celui qui veut se renseigner à propos du Coran, qu'il demande à Ubay ibn Ka'b; celui qui veut se renseigner à propos du fiqh (jurisprudence),  qu'il demande à Mu'adh ibn Jabal;  celui qui veut se renseigner à propos des obligations, qu'il demande à Zayd ibn Thabit; et celui qui veut se  renseigner  à propos de l'argent, qu'il me demande, Allah exalté soitil m'a chargé de le conserver et de le distribuer".

Il est donc nécessaire pour chaque corps scientifique de se respecter soi‐même et de se consacrer à sa  spécialité et à son domaine. Ainsi seront préservées les réalités islamiques et seront conservées la stabilité et l'unité dans la société islamique. Dieu exalté soitil a dit: "Ne dites pas au gré de vos caprices : «Ceci est licite, et cela est illicite , en attribuant ainsi à Dieu des mensonges. En vérité, ceux qui attribuent des mensonges à Dieu ne connaîtront jamais le bonheur ! Piètre jouissance au regard du terrible châtiment qui les attend ! (Annahl 16, verset 116, 117).