Rumi's Death Anniversary 2013

December 17 is the 740th anniversary of the death of the Sufi poet Rumi, whose Persian writings are considered to be a pinnacle of mystical art that transcends religious, cultural and ethnic boundaries.
Also known as Mevlana, he died on December 17, 1273 in Konya, Turkey, where he is entombed below the Mevlana Museum.

Rumi's death anniversary is known in Turkey as Wedding Night, or Seb-i Arus in Turkish, which references the idea that when a Sufi saint dies, he or she is believed to have attained union with beloved God. Therefore, it is an occasion of celebration rather than mourning and Sufis gather together to recite poetry and prayers, and whirl in tribute.

Rumi scholar and author of an upcoming Harper Collins biography on the poet, Brad Gooch, told The Huffington Post, "The main commemoration takes place in Konya every year, with the presentation of the Whirling Dervish ceremony central to the order formed around Rumi after his death, the Mevlevi Order. They are famous for the meditative practice of whirling, their signature ceremony that became elegantly codified during the Ottoman period. "

Fahad Faruqui explained in a HuffPost blog, "It must be obvious, by now, that Rumi's death is no somber event for his devotees. It's actually a celebration." He continued, "Timothy Winter, a lecturer of Islamic Studies at Cambridge University, explains why: 'Rumi's death is the moment of his union with his Lord. In Sufism, God is often symbolized as a feminine beloved, known as Layla.'"

Turkish Prime Minister Recep Tayyip Erdogan has traveled to Konya to pay his respects.

Rumi's poetry continues to inspire long after his death. His epitaph reads, "When we are dead, seek not our tomb in the earth, but find it in the hearts of men."

sursa: huffpost-religion

Vulturul şi uliul

Un vultur i-a spus unui uliu:
- Nimeni nu poate să vadă atât de departe ca mine.
- Se poate, i-a răspuns uliul, dar spune-mi, ce poţi să vezi pe cuprinsul deşertului?
Îndreptându-şi privirea către în jos, vulturul a exclamat:
- Acolo văd un bob de grâu.
Aşa că au zburat către pământ. Când vulturul s-a apropiat să culeagă bobul de grâu, a fost prins într-o capcană. El nu se gândise că, în timp ce va mânca acel grăunte, soarta va prinde un laţ în jurul lui.

Nu toate stridiile conţin perle; nu toţi arcaşii îşi ating ţinta.
- La ce ţi-a folosit, l-a întrebat uliul, să vezi acel grăunte dacă nu ai putut să observi laţul care te aştepta alături?
- În faţa destinului, i-a răspuns vulturul captiv, a fi precaut nu îţi este de niciun folos.
Când soarta te ajunge din urmă, chiar şi ochiul cel mai pătrunzător este orbit de ea.
În largul oceanului, departe de ţărm, înotătorul se luptă în van cu valurile.

sursa: Istorioare cu tâlc din tradiţia sufită, Sa'di Shirazi, Ed. Sapienţia 2011

A Chypre, un maître soufi attire des milliers de pélerins

"Bienvenue dans la maison de l'Amour": installé au fond d'une ruelle dans un village de la petite île méditerranéenne de Chypre, un sage soufi attire des milliers de pèlerins venus du monde entier, dont nombre de convertis.AFP - "Bienvenue dans la maison de l'Amour": installé au fond d'une ruelle dans un village de la petite île méditerranéenne de Chypre, un sage soufi attire des milliers de pèlerins venus du monde entier, dont nombre de convertis.

Cheikh Nazim, qui a fêté en avril ses 91 ans, est "l'un des maîtres les plus connus en Occident" de l'ordre des Naqshbandi, un mouvement soufi né en Asie centrale au début du deuxième millénaire, explique Thierry Zarcone, spécialiste de l'islam au CNRS.

Le soufisme est la mystique de l'islam, une façon de pratiquer axée sur l'irrationnel et la recherche d'une relation personnelle avec Dieu, notamment par la méditation, plutôt que le respect des interdits et obligations. Il est décliné par de nombreuses confréries aux pratiques variées.

Les Naqshbandis sont l'une des principales confréries soufies et l'une des plus austères, en raison de leur respect scrupuleux de la charia (loi islamique).

Mais Cheikh Nazim en dirige une branche plus flexible, les Naqshbandi-Haqqani, qui sont omniprésents sur internet et très implantés en Europe et aux Etats-Unis, où ils ont conquis de nombreux convertis.

La pratique soufie "m'a apporté un sentiment de satisfaction que ni ma vie ni mon travail ne me fournissaient plus", explique Jehan Ragab, une Italo-égyptienne qui décidé d'abandonner un bon poste à l'ONU et de se voiler pour devenir une disciple de Cheikh Nazim.

Au début, "ma famille a eu du mal à comprendre, car (...) je faisais ce travail si vital et tout d'un coup j'ai senti qu'il y avait quelque chose de plus important", raconte paisiblement cette quadragénaire célibataire, qui s'est installée il y a plus de trois ans à Lefke, dans la partie nord de l'île occupée par la Turquie. Elle y mène une vie simple rythmée par les cinq prières quotidiennes et les Dhikr, séances hebdomadaires de méditation.

Elle habite près de la derga, la maison commune où des dizaines d'adeptes en turban partagent repas, travaux agricoles, tâches ménagères ou autres services à la communauté -- les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, avec la famille de Cheikh Nazim.

Ce dernier, dont le regard perçant s'est brouillé avec l'âge, sort régulièrement en fauteuil roulant et prononce depuis sa chambre des sermons mis en ligne régulièrement. Mais il n'anime plus lui-même les prières.

Prêche aux accents de talk show

La porte est ouverte, et le visiteur invité à partager l'un des deux repas quotidiens dans les cours intérieures regorgeant de fleurs et de fruits. Disciples installés sur le long terme, pèlerins de passage, voisins venus demander une intercession ou un service, le passage est incessant.

Ce jour-là, des Allemands, Italiens, Suisses, Américains, une Russe et une Pakistanaise, un Belge ainsi que des Turcs et des Chypriotes, entre autres, convergent vers la petite mosquée de la communauté pour une prière suivie d'un prêche sur "l'Amour réel", celui de Dieu.

"Il y a ici des gens d'origine musulmane et des convertis, nous ne faisons pas de distinction", souligne Baha'uddine, fils cadet de Cheikh Nazim, qui a assuré en anglais, la langue commune, ce prêche aux accents de talk show, blagues et anecdotes à l'appui.

"Nos communautés les plus actives se situent en Europe", notamment à Londres, explique-t-il, citant aussi Istanbul, Los Angeles ou le Michigan. Il se refuse à évaluer le nombre de disciples de Cheikh Nazim, et il n'existe aucune statistique sur eux.

Un des gendres du maître, Cheikh Hisham Kabbani, promeut activement son enseignement aux Etats-Unis depuis les années 90. Il a également lancé, en réaction aux attentats de Londres en 2005, un Conseil des musulmans soufis, afin de porter "la voix de la majorité silencieuse" des musulmans modérés dans la sphère politique, face à un islamisme radical en pleine expansion.

"C'est une tentative de développer l'islam dans le monde occidental", explique M. Zarcone. "Il intéresse surtout des personnes qui sont attirées plus par une spiritualité musulmane que par l'islam, et va naturellement leur servir un islam assoupli".

"Cet aspect peut intéresser des convertis mais déplaît beaucoup au reste du monde musulman", souligne-t-il.

Certaines cérémonies sont par exemple mixtes et comprennent ponctuellement un recours à des instruments de musique et à des mouvements de danse, proches de ceux des derviches tourneurs de l'ordre soufi Mevlevi -- des pratiques souvent critiquées.

sursa: france24.com, 27 Octobre 2013

Entretien avec l’artiste et interprète Karima Skalli : «Ma quête de l’art sublime est permanente et je ne céderai jamais devant la loi du marché»

Entretien avec l’artiste et interprète Karima Skalli : «Ma quête de l’art sublime est permanente et je ne céderai jamais devant la loi du marché»Elle a fait un choix. Elle en a, par la suite, fait un mode de vie. Karima Skalli ne compte pas changer sa ligne artistique, pour plaire à un marché fluctuant. Elle veut surtout prendre le chemin d’une militante pour l’amour universel et la passion transcendantale. 

Et pour ceux qui ressassent le cliché «c’est le public qui choisit », elle réplique constamment par cette image de la communion entre ce chant soufi et le grand public, un peu partout. A Ouarzazate, Libé a rencontré l’artiste. Entretien.


Des douces soirées de Ouarzazate aux  beaux jardins des Oudayas, la même saveur et la même ferveur. Comment vous sentez-vous sur scène?

Karima Skalli : Tout d’abord, j’ai l’honneur de prendre part à ces manifestations artistiques et culturelles. Je suis invitée en fonction de ce que je fais, avec des poètes et musiciens. Ce sont des invitations qui émanent d’organisateurs de festivals et rencontres qui prennent conscience de ce type d’art. Tous ceux et celles qui sont convaincus que la poésie nous unit à la passion, ne peuvent qu’aimer cette expression.

Qu’est-ce que vous avez interprété de particulier ?

Pour ma participation aux différentes manifestations cet été, elle relève surtout  d’un sentiment réel de contribuer à la prolifération de ce genre d’art, dans le sens où j’interprète non seulement des chansons, mais toute une culture, une civilisation et un mode d’existence, une sorte d’interprétation de la pensée, de l’amour et de la musique sublime. Ainsi, j’ai interprété quelques morceaux d’une œuvre que je viens d’achever et qui se base sur la poésie d’Ibn Arabi et d’Ibn Zaydoun.
 
L’on prétexte souvent que les goûts des gens ont changé, et que le genre que vous chantez n’est plus à la mode. Qu’en pensez-vous?

Dans tous les cas, je ne pourrai jamais travailler sur commande. Tout ce que je fais émane d’une inspiration profonde et d’une passion  certaine. Je ne suis pas là à guetter les commandes d’un marché «préfabriqué», car je suis bel et bien engagée dans une expérience, bien étudiée et qui ne manque pas de public. Il suffit de voir comment les gens accueillent ce genre de chant à Ouarzazate, Fès, Rabat ou Marrakech ou même à Paris et Bruxelles, pour en voir l’impact. Ce n’est pas un travail régi par l’offre et la demande, c’est surtout une vision culturelle stratégique qui m’inspire depuis toujours et cette quête ne s’arrêtera pas. Pour moi, la poésie soufie est un monologue, un dialogue et un souffle qui me permet l’identification, le repère et partant cette voie de partage.

C’est un choix donc?

Même pas. Je n’ai pas à choisir. Il s’agit d’un appel profond au niveau intérieur, et avant tout, cela reste l’œuvre d’une inspiration. Il y a eu d’abord cette participation à Fès, en 2000 et de là, j’ai approfondi ma connaissance surtout avec notre patrimoine du Samaa et de la belle poésie. J’ai trouvé un plaisir incommensurable à pénétrer un monde où l’art n’est qu’une partie d’un mode de vie. C’est ainsi que la connaissance permanente me permet de suivre cette quête extraordinaire. J’avais chanté Layla, symbole de l’amour et que les soufis ont emprunté pour fêter l’amour et j’ai fait Abou El Hassan Chouchtari, prince andalou, dont la poésie reste une perle rare.

Et la recherche au niveau du patrimoine?

La richesse est là, c’est comme s’il y a de l’or, mais qu’est-ce qu’on va faire avec ? La recherche ou la découverte, c’est une fouille permanente pour modeler.  Il s’agit d’un projet interminable qui mérite l’intérêt de plusieurs artistes à la fois, et l’on ne parviendra  jamais à bien le cerner, car nous sommes face à un monde d’idées et de réflexion. Moi, je ne m’en lasse pas du tout.
Il y a certes certaines contraintes, mais elles m’incitent à déployer davantage d’efforts. En fait, mon expérience était individuelle au niveau de la production et du travail. Je dois donc faire des recherches personnelles et travailler techniquement ma voix, parce qu’il n’y a pas vraiment de producteurs pour ce genre d’art… Le marché s’oriente de plus en plus vers l’aspect commercial.

Cela reste évidemment difficile?

Le mot « facile » détruit l’œuvre à ma connaissance. Il faut savoir que tout projet nécessite  toujours un travail de construction. Une recherche approfondie et méticuleuse est nécessaire avant d’entamer cette phase de production. Je ne trouve pas la voie facile, mais il y a toujours cette inspiration, cette passion, cet appel qui me propulse pour aller de l’avant. L’effort et la souffrance, l’expérience, les contraintes sont un tremplin magnifique pour tout artiste qui sait les mettre de son côté. L’objectif est d’aller au bout de soi-même, chaque épreuve doit donner plus de force pour ce combat.

Quand on chante l’amour?

L’élévation et la transcendance méritent bien un chant … c’est un appel aux âmes nobles, à cette partie que toute personne possède, il suffit de l’interpeller et de la secouer … Nous devons transporter le public vers une connaissance sublime, un goût élevé et un art de qualité. L’aboutissement est cette communion avec l’autre et cette énergie renouvelable à chaque fois que vous chantez et enchantez un grand public. L’artiste a aussi une mission qu’il ne faut pas oublier.

Vous êtes bel et bien dans une pensée universelle ?

L’amour c’est ma nature, la vie, en général, nous invite à plus de sollicitude pour les bonnes choses. C’est ce retour aux sources, aux vérités que constitue depuis toujours la pureté naturelle de la naissance. Nous devons faire face à tout ce qui pollue nos espaces. On veut bien que cet amour nous «protège». Il y a la liberté dans l’espace, sans pour autant avoir peur d’aller vers les cimes.

Propos recueillis par Mustapha Elouizi
Mardi 3 Septembre 2013
sursa: liberation.ma

O povestire despre noroc


Un om sărac a scăpat în drum un dinar. L-a căutat mult timp dar, în cele din urmă, disperat, a renunţat să îl mai caute.

Un alt om a trecut pe acolo şi a găsit dinarul din întâmplare.

Norocul şi ghinionul ne sunt oarecum predestinate. Porţia noastră zilnică nu depinde neapărat de forţa noastră şi de eforturile pe care le depunem, deoarece, adeseori, cei care sunt mai puternici şi care se străduiesc mai mult sunt cei mai puţin norocoşi.

sursa: Istorioare cu tâlc din tradiţia sufită, Sa'di Shirazi, Ed. Sapienţia 2011
sursa foto 

Despre acceptare

Fericirea vine prin graţia lui Dumnezeu, nu din puterea omului. Dacă Cerurile nu îşi revarsă comorile asupra omului, aceste comori nu pot fi obţinute prin nicio faptă vitejească.

Furnica nu suferă din cauză că este mică; tigrul nu vânează datorită puterii sale.

Chiar dacă mâna nu ajunge până la cer, îşi acceptă liniştită destinul pe care îl are.

Dacă ţi-a fost sortit să ai o viaţă lungă, niciun şarpe şi nicio sabie nu-ţi vor face rău; când ziua morţii va veni, antidotul te va ucide mai repede decât otrava.


sursa: Istorioare cu tâlc din tradiţia sufită, Sa'di Shirazi, Ed. Sapienţia 2011
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Despre oamenii cucernici


Un tânăr înţelept de neam nobil a acostat într-un port din Turcia şi, pentru că era cucernic şi înţelept, cufărul său de călătorie a fost dus la o moschee.

Într-una din zile, preotul i-a spus: "Mătură praful şi murdăria din moschee."

De îndată, tânărul bărbat a ieşit din moschee şi dus a fost! Văzând aceasta, preotul şi discipolii săi s-au gândit că probabil tânărul nu vroia să facă o astfel de muncă.

În ziua următoare, unul dintre slujitorii de la moschee l-a văzut pe tânăr mergând pe un drum. Apropiindu-se de el, i-a spus: "Ai greşit plecând şi ai dat dovadă de judecată afurisită. Oare tu nu ştii, tânăr îngâmfat, că servindu-i pe alţii, te înnobilezi?"

Plin de tristeţe, tânărul a început să plângă: "O, prietene cu inima curată şi cu sufletul iluminat!", i-a răspuns, "în acel loc sfânt eu nu am văzut nici praf, nici murdărie, în afară de propriul meu suflet întinat. De aceea am plecat de acolo, pentru că este mai bine ca o moschee să fie curăţată de oameni ca mine."

Umilinţa este singurul ritual autentic pentru un devot. Dacă încă mai tânjeşti după mărire, alege mai bine să fii umil; nu există altă scară a vieţii pe care să urci.

citat din "Livada - Istorioare cu tâlc din tradiţia sufită" de Sa'di Shirazi, trad. Delia Perţe, Ed. Sapienţia 2011
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Eric Geoffroy : Le soufisme, mode d’emploi

Eric Geoffroy, islamologue, déjà auteur d’un certain nombre d’ouvrages sur le soufisme, vient de publier un « guide pratique » sur cet aspect souvent méconnu et controversé de l’islam. Un défi qu’il relève avec recul et objectivité, offrant aux musulmans d’aujourd’hui que cela intéresse de quoi réfléchir à leur relation à la religion. 

 

Nous le savons tous, il n’est pas nécessaire d’être « soufi » pour être un bon musulman. Hormis le respect des cinq piliers de l’islam, il y a d’ailleurs de très nombreuses manières de vivre sa religion, selon le Coran lui-même. Mais pour tous ceux que cette discipline particulière de l’islam qu’est le soufisme intéresse, le nouveau livre intitulé tout simplement Le Soufisme, d’Eric Geoffroy, paru aux Editions Eyrolles en juin 2013, devient quasi incontournable.

Un guide pratique ? Oui, mais plus encore. Pour plagier Woody Allen, vous trouverez dans cet ouvrage tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le soufisme sans jamais avoir osé le demander.

Dans un langage simple , et quand il ne l’est pas, expliqué dans des encadrés précis et succincts, l’auteur offre au lecteur un voyage subtil dans le temps et dans son temps.

Au-delà des idées fausses

Après avoir rectifié préjugés et idées fausses couramment répétés par les adversaires du soufisme, Eric Geoffroy en trace l’évolution depuis le Prophète Muhammad (PSL) et ses compagnons jusqu’à aujourd’hui. Il offre ainsi une sorte de travelling historique qui permet de comprendre la présence de cette pratique de l’islam dans le monde musulman, ses grandes personnalités comme Ghazali, Ibn Arabi, Rûmî et tant d’autres, son rayonnement, sa diversité dans ses formes.

Le lecteur pourra également découvrir de manière très concrète ce que sont aujourd’hui les pratiques soufies, leurs significations ancrées dans le Coran. Certes, il existe des différences d’une Voie à l’autre, mais l’auteur met en valeur leur part commune : la recherche de l’excellence du comportement en imitation du modèle muhammadien.

Un secret révélé

Des fondateurs des confréries, à partir du XIIe siècle, jusqu’à leur expansion dans les villes d’Occident aujourd’hui, où elles attirent un public important, malgré l’image négative de l’islam véhiculée par les discours médiatiques et politiques, le but recherché reste le même : s’il reste fidèle à ses origines sacrées, l’homme trouve en lui et en Lui tous les moyens de se perfectionner, de faire un effort sur lui-même, pour se rapprocher de son Créateur.

C’est la première fois qu’un public d’Occident a accès à certaines informations explicitées dans ce guide. Il y a là sans doute un signe des temps, car longtemps la pratique du soufisme et toute forme d’appartenance à cette façon de vivre son islam, relevait du secret.

A ce titre, ce livre intéressera non seulement les musulmans qui souhaitent en savoir plus ou vérifier leurs connaissances, prendre des points de repère soigneusement vérifiés, mais aussi tous ceux qui, venant d’autres horizons, ont la curiosité de s’informer sur la mystique musulmane qui, depuis des siècles, irrigue l’histoire de l’islam dans le monde.


Eric Geoffroy : Le soufisme, mode d’emploi
Le Soufisme, Eric Geoffroy, Editions Eyrolles, coll. « Pratique », 10 €.

Sommaire
• Le soufisme d'hier à aujourd'hui,
– Ce que le soufisme n'est pas
– Expériences pionnières (VIIIe-Xe siècles) et intégration dans l'espace sunnite (Xe-XIIe siècles)
– Epanouissement doctrinal et structuration sociale (XIIIe siècle)
– Le soufisme dans la modernité : la critique

• L'expérience
– Les fondements de l'expérience : le Coran et le Prophète
– "Se connaître soi-même, c'est connaître son Seigneur"
– Cheminer sur la voie de l'Unicité

• Le soufisme au quotidien
– Maître et disciple : l'affiliation à une confrérie
– Les méthodes initiatiques
– La vie d'une confrérie



Par Marie-Odile Delacour*

* Marie-Odile Delacour est l'auteure (avec Jean-René Huleu), notamment, de Le Voyage soufi d’Isabelle Eberhardt (Éd. Gallimard - Joëlle Losfeld, 2008). 

sursa: saphirnews.com/Eric-Geoffroy-Le-soufisme-mode-d-emploi

Who was Bulleh Shah?


Who was Bulleh Shah?Bulleh Shah followed the Sufi patron of Punjabi poetry founded by eminent poets like Shah Hussain, Shah Sharaf and Sultan Bahu. He wrote various forms of Punjabi poetry but the majority of his verses were Kafi’s, a style of Punjabi, Sindhi and Saraiki poetry.

Bulleh Shah is one of the finest spiritual Sufi poets and scholar from the Punjab. His writings are still celebrated in all parts of the world.

Hazrat Baba Bulleh Shah is considered to be one of the most remarkable Muslim Punjabi Sufi poets and scholars.

He was born in 1680 in the village of Uch, Bahawalpur, Punjab, which is currently in Pakistan. His full name was Abdullah Shah.

He was born into a very religious family, his father being a preacher in a mosque. His family had a long association with Sufi’s.
Shah Hussain
Bulle Shah spent most of his life in Kasur, Pakistan right from his education until his death.

After receiving his traditional education in Kasur, Bulleh Shah became a murshid (disciple) of a famous spiritual teacher Qadiri Sufi Shah Inayat Qadiri, who guided him towards spiritual awakening.

From these teachings, Bulleh Shah spent his whole life in search of true self-realisation and spiritual awakening.

A number of Bulleh Shah’s Kafis are sung by present day qawwals. The simplicity in his works and preaching about fundamentals of living makes him all the more famous.

In the present era, many singers have converted his poems and Kafis into melodious songs. Renowned Sufi singers like Abida Parveen, the Waddali Brothers, Nusrat Fateh Ali Khan and Sain Zahoor have sung a number of qawwalis from the compositions of Bulleh Shah.

Various famous modern day music numbers including ‘Bullah ki Jana’ by Rabbi Shergill, ‘Chaiyyaa Chaiyya’ from Dil Se, ‘Ranjha Ranjha’ from Raavan, and so many more, are actually the Kafis of Bulleh Shah.

In his poetry, he talks about his understandings of the world around him, his divine experiences and also raises a voice against orthodox rituals of Islam during that time.

He preached to the masses to leave their egos and not to worry about social conventions if they wish to meet God.

There is a very famous story from the life of Bulleh Shah. This story shows his love and devotion towards his master and his untroubled attitude towards society.

Once, Bulleh Shah saw a young wife desperately waiting for his husband to return home. She dressed up beautifully, braided her hair and wore her best make-up.

Bulleh Shah identified this as pure dedication and affection the wife had for her loved one.

So, Bulleh Shah also dressed up as a female, braided his hair and rushed up to see his master Inayat Shah. This was the level of adoration he had for his master and the love he had for God.

Bulle ShahThe writings of Bulleh Shah portray him as a saviour of the human race as he provides solutions to various social problems in the world around him, as and when he came across them.

The lifetime of Bulleh Shah was concurrent with communal riots between Muslims and Sikhs. During that time, he was a ray of hope and an instrument of peace for the inhabitants of Punjab.Bulleh Shah always preached that if violence is answered with violence it will lead to strife only.

He propagated non-violence and did not support either Muslims or Sikhs in the bloodshed. This made Muslims controversial towards Bulleh Shah.

Bulleh Shah died in 1757. It might be astonishing but it is a bitter truth that at the time of his death, Bulleh Shah was denied burial in community graveyard of Muslims by mullahs because of his unorthodox views.

But today, the tomb of Bulleh Shah in Kasur has become a place of worship and the wealthiest of the city have paid handsome amounts to be buried by the side of such a great soul.

The metamorphic change in he way he is perceived today is owed to the better understanding of Bulleh’s life and preaching by his people and followers.

“Bulleya Ki jaana main Kaun”

Bulleya to me, I am not known
Na main momin vich maseetaan
Na main vich kufar diyan reetaan
Na main paakaan vich paleetaan
Na main moosa na firown

Not a believer inside the mosque, am I
Nor a pagan disciple of false rites
Not the pure amongst the impure
Neither Moses, nor the Pharoh

Na main andar ved kitaabaan
Na vich bhangaan na sharaabaan
Na vich rindaan masat kharaabaan
Na vich jaagan na vich saun

Not in the holy Vedas, am I
Nor in opium, neither in wine
Not in the drunkard’s intoxicated craze
Neither awake, nor in a sleeping daze

Na vich shaadi na ghamnaaki
Na main vich paleeti paaki
Na main aabi na main khaki
Na main aatish na main paun

In happiness nor in sorrow, am I
Neither clean, nor a filthy mire
Not from water, nor from earth
Neither fire, nor from air, is my birth

Na main arabi na lahori
Na main hindi shehar nagauri
Na hindu na turak peshawri
Na main rehnda vich nadaun

Not an Arab, nor Lahori
Neither Hindi, nor Nagauri
Hindu, Turk, nor Peshawari
Nor do I live in Nadaun

Avval aakhir aap nu jaana
Na koi dooja hor pehchaana
Maethon hor na koi siyaana
Bulla! ooh khadda hai kaun

I am the first, I am the last
None other, have I ever known
I am the wisest of them all
Bulleh! do I stand alone?
Bulleya Ki jaana main Kaun
Bulleya! to me, I am not known
 
-Bulleh Shah

sursa: http://www.desiblitz.com/content/who-was-bulleh-shah 

Despre iubire

Fericite sunt zilele celor care sunt nebuni din iubire pentru Dumnezeu, fie ca ei se intristeaza cand sunt despartiti de El, fie ca se bucura cand sunt in prezenta Lui.

Ei sunt cersetori care au renuntat la bogatiile lumii in speranta de a-L intalni, sunt rabdatori in a cersi. Au baut adeseori vinul din paharul suferintei si, chiar daca acesta a fost amar, ei au ramas tacuti. Pentru cel care isi aminteste de El, rabdarea nu este amara deorece pelinul baut din cupa unui prieten este dulce.

Cei care sunt captivi in cercul iubirii Sale nu cauta sa evadeze; chiar cand sunt huliti, raman stapani in singuratatea meditatiei lor iar caile lor sunt necunoscute. Ei sunt precum templul din Ierusalim, al carui interior este splendid dar ale carui ziduri sunt lasate in paragina.

Precum fluturii noptii, ei se mistuie in focul iubirii. Desi iubita se afla la pieptul lor, ei Il cauta pe El; cu toate ca se afla langa fantana, buzele lor raman uscate si arse de setea de Dumnezeu.

sursa: Istorioare cu tâlc din tradiţia sufită, Sa'di Shirazi, Ed. Sapienţia 2011
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Somalia sees Sufism revival

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Mogadishu, Somalia - Hundreds of sweating Sufis chant and sway as the lead sheik moves into the middle of a circle of worshippers and bursts into a chant louder than anyone else's 

Sufism, a mystical branch of Islam, is having a major comeback since al-Shabab, an armed militant Islamic group, was pushed out of Somalia's capital in August 2011. The Sunni insurgents had banned Sufis from gathering and prevented them from worshipping. Sufi sheiks, or elders, were attacked, graves of their saints were desecrated and rituals and celebrations became rare or secretly performed. 

Beyond the circle of worshippers are dozens of women, some of them so moved that they are crying. 

Nearby is the grave of a Sufi saint where the worshippers go to pray to show reverence. Free food, including toasted coffee beans fried in oil, is distributed in wooden containers. 

“With Allah's wish, we are here free and worshipping today,” said Sheik Abdullahi Osman, a 72-year-old Sufi cleric, who has beads dangling from his neck. Sufis in Mogadishu spend hours feasting, praying, and invoking Allah's name. Traditionally Sufis used sticks to protect their shrines but now it's common to see a guard with an AK-47 slung over his shoulder in this seaside capital. 

“There's no choice other than defending ourselves and our faith,” said Mohamed Ahmed, an armed Sufi follower guarding the gathering. The arrivals were being checked and other guards stood outside a gate. 

Ruqiya Hussein, a veiled woman, traveled from an al-Shabab-held town 90 kilometers (55 miles) away to get to a place of worship. 

“I am thrilled to see my sheiks come back to lead us again,” she said, squeezing her henna-tattooed fingers before she joined a group of women swaying and chanting rhymes. 

Sufis were known for spreading Islam across Somalia through peaceful teaching and practicing tolerance toward other faiths. Some Sufis hope that their style finds fertile ground in a nation recovering from the wounds of extremism and war. 

“Unlike others we don't kill or harass people. Instead, we provide examples of how to live.” said, Sheik Abdirizaq Aden, the regional leader of the faith. 

Al-Shabab, a group of al-Qaida-linked militants that seeks to instill an ultra-conservative brand of Islam across Somalia, controlled Mogadishu from roughly 2007 to 2011. The group still dominates most of south-central Somalia but has seen its territory reduced after military pushes by African Union and Somali forces. 

The Sufis in the capital now feel free to practice their faith. In central Somalia, after the graves of sheiks were desecrated and killings occurred, Sufis used weapons to kick militants out of some key towns. The conflict in that part of the Horn of Africa nation persists. 

Somalia fell into chaos in 1991 when warlords overthrew longtime dictator Siad Barre and turned on each other. Two decades of violence followed, but the capital and some other towns have seen strong security gains during the last 18 months that have allowed businesses and even sports leagues to thrive. - Sapa-AP 

By ABDI GULED

Photo: In this photo taken Friday, April 19, 2013, Sufis eat traditional toasted and fried coffee beans during a ritual service at the Sufi's main center in Mogadishu, Somalia. (AP Photo/Farah Abdi Warsameh)

China’s Sufis: The Shrines Behind the Dunes



Lisa Ross’s luminous photographs are not our usual images of Xinjiang. One of China’s most turbulent areas, the huge autonomous region in the country’s northwest was brought under permanent Chinese control only in the mid-twentieth century. Officially, it is populated mostly by non-ethnic Chinese—Turkic peoples like Uighurs (also spelled Uyghurs), Kazakhs, and Kyrgyz, as well as Mongolians and even Russians—and its population has long had difficult relations with Beijing. In 2008, 2009, and 2012, Xinjiang was the site of bloody protests.

Instead of representing these political conflicts, however, Ross’s photographs are unassuming and quiet; people are never present and the objects she captures—stone on sand, cloth on stone, the skeleton of a dried animal—have an incandescent glow, as if lit by another sun. In fact, these images reveal a little-known religious tradition in Xinjiang—its desert shrines to Sufi saints. Taken in the Xinjiang’s Taklamakan Desert, they are collected in Ross’s addictive new book, Living Shrines of Uyghur China, and are now on view at the Rubin Museum of Art in New York.

Xinjiang is famous as part of China’s Silk Road. Buddhism entered the country through this western region and, later, Islam. Today, the Uighurs form the second-biggest Muslim population in China. Unlike their more numerous Hui breathren, however, the Uighurs are ethnically very different from the Chinese, descending from Turkic peoples. Ethnic Chinese control has been tenuous, with regular rebellions against Beijing’s rule. Most locals are Sunni Muslims, but many Sufi sects are popular. It is these more mystical groups that worship in the shrines photographed by Ross.

These shrines are made of different kinds of materials, but most are wooden posts or dried branches, stuck in the sand or cracked earth, and bound with colorful cloth.

Some are more clearly identifiable as funeral memorials for one, often famous, deceased person. They are individual graves, sometimes grouped together as in a cemetery, other times alone in the desert, frequently in the form of little picket fences surrounding a mound. Most have some colorful cloth tied to the wood to make it stand out in the monochromatic landscape.

Occasionally, Ross found small dolls, which signify a wish from visiting women for pregnancy. Women would drop off the dolls at shrines that they found efficacious. Other times, dried remains of animals testify to a sacrifice made in a saint’s honor, or function as talismans.

In her preface, the New York-based Ross explains what drew her to this unusual topic. She was visiting Xinjiang over a decade ago and a friend who knew her tastes suggested she walk into the desert. After a while she began to see colors—the cloths revealing themselves behind the dunes—and the small wooden cribs or rafts that marked the burial areas. She made another trip and then another, centering around the heartland of Uighur culture, the oasis towns surrounding the Taklamakan Desert that is located in the heart of Xinjiang and forms its spiritual and ethnic center of gravity.

Becoming almost an obsession, her interest led her to meet local scholars, such as Rahilä Dawut, who had written in China on the shrines and accompanied Ross on a trip. Despite the complicated politics surrounding her—Beijing has restricted access to the region at times of heightened unrest—she writes that “I made a conscious decision to remain apolitical, in large part because I wanted to respect and protect everyone with whom I worked.”

And yet these empty landscapes and simple graves—Ross says she purposefully avoided people—belie political struggles. In one of the introductory essays, the French historian Alexandre Papas notes that many of these shrines have over the past decade become commercialized. As part of its effort to bring minority faiths under central control—and to commodify religion—the Chinese government has encouraged some to be walled off, with admission charged. Often, this is done by Chinese entrepreneurs, with government approval. This isn’t unique to Xinjiang but it’s imaginable that it could add to ethnic tensions between the indigenous people and Chinese immigrants, who have been encouraged to move to Xinjiang to work in construction, energy industries, and services.

The state, though, has also sought to protect them by giving some of them official status as “cultural patrimony sites.” This means there is money available for preservation, but it also risks transforming them into exotic relics rather than part of a continuing religious tradition. Islam is one of the officially recognized religions in China but it remains tightly proscribed, with ethnic Chinese bureaucrats deciding how many Uighurs and other Muslims may travel, for example, on the Hajj to Mecca.

Most of this, however, is left unsaid in Ross’s book. Many of the photos are of more modest shrines than the big tourist attractions. They are small mounds and markers to more personal religious expression. Mostly, what interests Ross are the deeper issues of spirituality: what does a pilgrim see or experience on the way to a shrine? What is holiness? Looking at these bright, numinous images, we begin to sense something inexpressible but more profound than any of the region’s difficult politics—a glimpse at the intangible traditions and beliefs that have given shape to Xinjiang’s Muslims over many centuries.


Living Shrines of Uyghur China by Lisa Ross, with essays by Beth Citron, Rahilä Dawut, and Alexandre Papas, is published by The Monacelli Press. Ross’s photographs are on view at the Rubin Museum of Art in New York City through July 8.

written by Ian Johnson  
April 25, 2013

sursa

Quelques confidences de Sidi Hamza

La voie Qâdiriya Boudchichiya organise chaque année lors de la célébration de l’anniversaire du Prophète de l’islam un grand rassemblement qui attire plusieurs dizaines de milliers de pélerins venus du Maroc et du monde entier. A l’occasion de l’édition 2013, Sidi Hamza (né en 1922), guide spirituel de la confrérie, a reçu des journalistes du quotidien marocain Akhbar el-Yawm afin d’évoquer certains sujets d’actualité.

Il a tout d’abord précisé que le but de la confrérie était de "donner une éducation à toute personne et à toute communauté [...] afin que ces personnes soient utiles à la société. [...] Nous voulons le bien de ce pays et de la communauté mohammadienne toute entière. "

Sidi Hamza a rappelé son parcours personnel qui l’a conduit à être formé dès son plus jeune âge par les meilleurs spécialistes de l’époque en sciences religieuses. Il a ensuite été le disciple de sidi Boumédiène al-Qâdiri Boudchich, puis a accompagné son propre père, Hajj Abbas, quand celui-ci était à la tête de la confrérie. C’est en 1972 que Sidi Hamza est devenu à son tour le guide de la confrérie qui s’est considérablement développée sous son influence.

Sidi Hamza a fait part de sa très bonne santé : "Je n’ai pas de maladie, je n’ai rien : mon esprit est sain et mon corps est sain. [...] Je tiens à vous informer que ma vie sera longue, longue." Il a conclu en rappelant qu’il n’avait aucun ennemi et qu’il priait pour la paix dans le monde.

Le mercredi 20 février 2013.
sursa: http://www.soufisme.org/site/spip.php?breve102 


Quote:

"Celui qui m’aime gagne et celui qui me déteste, je lui pardonne complètement parce qu’il ne me connaît pas. " (Sidi Hamza, lettre paru dans le journal « akhbar elyawm )

O beție mistică în versuri

poeme-persane


„Adeseori, un vers frumos alină o inimă întristată”, zicea cândva Hafez. Avem nevoie de poezie. Poezie românească sau persană, numai poezie să fie. Poezie care să ne-arate o altă față a lumii noastre, scânteile născute în tenebre, întocmai cum face poezia spiritului sufit cu Islamul care, nu, firește, nu este sinonim cu mesajele violente promovate de extremiști, ci are chiar o latură evidentă de toleranță religioasă.

Nu putem vorbi despre Poeme persane – antologia prin care editura Herald și traducătorul Otto Stark aduc mai aproape de inima noastră o poezie izvorâtă din străvechea cultură persană – ignorând sufismul. Pentru adepții acestui mod de a privi viața, poezia rămâne o trăsătură intrinsecă a credinţei, o cale pură către iluminare. Metafora principală în poezia sufită constă în importanţa acordată realităţii interioare. Poezia sufită a trezit admiraţia mai multor mari scriitori, precum Goethe sau Emerson, ei găsind în versurile ei o importantă sursă de inspiraţie. Deși poezia sufi nu este un domeniu tocmai accesibil sau familiar cititorului român, ea ne-a influențat necontenit scriitorii interesați de culturi – să le spunem așa – exotice. Un exemplu ar fi în poezia lui George Coșbuc – Puntea lui Rumi. http://poezii.ro-versuri.ro/Puntea-lui-Rumi-poezie-George-Cosbuc.html

Otto Starck şi-a asumat misiunea de a adapta în româneşte poezia persană clasică. Înterpretările sale reuşesc să reconstituie rafinamentul unei poezii de înaltă tensiune emoţională, să evi¬denţieze motive orientale care au pătruns târziu în lirica europeană, redând cu acuratețe muzicalitatea versurilor. De asemenea, reușește să scoată în relief reperele drumului care ne deschide orizontul cunoașterii bogățiilor spirituale. Poezia clasică persană selectată cu atenție și intenție precis orientată, este neașteptat de uitilă, în toate formele ei de expresie, pentru rolul pe care îl are în deschiderea unui ochi care să perceapă dimensiunea divină a realității.

Rumi și-a trăit aproape întreaga viață încercând să afle cine este Rumi. Din această frenetică evoluție spirituală s-au desprins poemele sale ca un zbor de porumbel răspândind mesajul plin de compasiune al tradiției sufite. Poezia lui este o serie de oglinzi care se reflectă una în alta la nesfârșit, permițându-ne pe alocuri să ne întrezărim între ele propria esență divină. Iubirea vrea ca vorba-I să fie cunoscută./ De ce rămâne oare atunci oglinda mută?/ Știi tu de ce oglinda-ți nu este vorbăreață?/ E pentru că nu-i cureți rugina de pe față.. Rumi trăiește în fiecare vers, impregnat cu forța sa mistuitoare, dezvăluind o viziune poetică a stărilor mistice experimentate, un sens care se dezvăluie numai prin căutarea necontenită a adevărului.

Adesea menționat ca „prințul poeților sufi”, acesta a fost un mistic care a înglobat în sine gânditorul și artistul, cel care l-a căutat pe Dumnezeu nu în afară, ci în sine. Poezia sufită, poemele lui Rumi îndeosebi, sunt antidotul stereotipurilor negative, ajutând la remodelarea gândirii islamice. Rumi a fost cel mai bine vândut poet în America anilor 1990, ceea ce confirmă atemporalitatea atracției mesajului său, promovat și azi de nume celebre precum Deepak Chopra, Madonna si Demi Moore. http://www.youtube.com/watch?v=X-idP23bHCg

Despre Omar Khayyam, Ghiorghi Iorga spunea la un moment dat că în Iran nu prea avea trecere drept un mare poet, pentru că iranienii așa gândesc, cum scrie el. Ei îl apreciază pe Hafez. Abia acum se chinuie iranienii să-l renaționalizeze, pentru că Omar Khayyam a fost confiscat de Europa, unde s-a lansat. Acesta a lăsat în urmă o adevărată beție mistică a poeziei, catrene de-o uimitoare îndrăzneală (unii nu se dau în lături de la a le numi erezii) a căror principală metaforă este vinul. Dacă suferi, n-ai decât hașiș să iei,/ Ori, în loc de un ulcior cu vin, bea trei!/ Ești sufit, și nu bei una, nu bei alta.../ Du-te și mănâncă pietre de nu bei!

Hafez, supranumit și „Limba tainei”, a scris 500 de gazeluri, o sută de catrene și o serie de poeme în distihuri, cântând frumusetea trupească pieritoare, dar care naște iubiri nemuritoare. Acuzațiile poeziei sale (sau ale poeziei în general) fiind acelea că falsifică realitatea și-l aduce pe om pe calea desfrâului. Astfel, acesta ajunge să creeze o poezie erotico-bahico-mistică. Greșește cel ce ține a se preamări – pe sine,/ și dintre toți mai vrednic a se socoti – pe sine./ De la pupila ochiului el trebuie să-nvețe:/ pe toți ea-i vede, dar nu poate-a se privi – pe sine. 

Saadi, întemeietorul „gazelului pur”, fuge de năvălirea hoardelor lui Gingis-han, pribegește prin Irak, Siria și Egipt, iar după cincizeci de ani de hoinăreală, se întoarce în Șiraz unde își va redacta cele două celebre culegeri de anecdote morale de-o extraordinară valoare, cele din volumul Bustan fiind creații în versuri: De cade perla în noroi, tot prețioasă-i și de soi, iar prafu-n cer dacă se urcă, la fel ca și-nainte – spurcă sau Nu-i de mirare dacă înțeleptul amuțește-n fața unor inși nevrednici, căci sunetele harpei întrecute-s de bătăi de tobă și mireasma ambrei se pierde-n duhoarea de usturoi. sau Cel lipsit de inimă n-ajunge la cucernicie și cu coji fără de miez nu faci negustorie. 

Baba Taher a fost unul dintre primii poeți persani. Despre el nu se știu prea multe, tot ce avem sunt câteva legende care spun că ar fi dus o viață de derviș rătăcitor, dând dovadă că poate pătrunde cele mai subtile probleme religioase. Este unul dintre primii creatori ai catrenului mistic persan, versurile sale fiind caracterizate de o exprimare simplă, directă și dramatică. În cuget, doar grăuntele pierzării – încolțește,/ și-n crângul meu doar floarea frământării – încolțește./ Atât mi-e de sterp pustiul inimii,/ încât în el doar iarba disperării – încolțește.

Mahmud Șabestari a fost una dintre personalitățile de frunte ale spiritualității persane, opera sa capitală fiind poemul filozofic de 2000 de versuri – Grădina Tainei: Și drumeția-l duce pe vrednicul drumar,/ de la ce-i posibil – la ce e necesar./ El e drumețul care, grăbindu-se pe drum,/ s-a curățat pe sine ca flacăra de fum./ Întors din drumeția dintâi, a devenit/ pe-a doua împlinind-o, un om desăvârșit.


Titlu: Poeme persane
Autor:
Editura:
Anul aparitiei: 2012
Traducere:
Numar pagini: 352
ISBN: 978-973-111-355-5

  • Recomandari

    Celor care simt o atracție față de sufism sau Rumi, le recomand să înceapă prin a citi cărțile autoarei Elif Shafak

Scris de
sursa: bookblog.ro

Holy imprints from another time











Over 50 highly rare and old manuscripts are put on display at a special exhibition inaugurated at the National Museum of Pakistan.

Aadab Ul Murideen translation by Shaikh Abul Najeeb Abdul Qhair bin Abdullha Serwadi - Naksh - 711 A.H to 1307 A.D.  




The exhibition of manuscripts titled “Tasawwuf and Interfaith” organised by the Sindh culture department and the International Peace Committee for Interfaith Harmony will continue till Feb 26.

One of the 50 manuscripts on display is over 1,000 years old, said to be the oldest one that the museum has, and another one is around 800 years old while the rest are three to four hundred years old.

The manuscripts include various holy books of different religions, including Islam, Hinduism, Christianity and Sikhism.The manuscripts of the Quran, the Bhagavad Gita, the Bible and the Guru Granth Sahib are on display among other exhibits.

The manuscripts of Shah Jo Risalo and texts on Tasawwuf are on display as well.

One manuscript was of the Bhagavad Gita with translations in Sanskrit, Persian and Urdu.

Another rare book on display was a translation of the Bible and commentary on it by Sir Syed Ahmed Khan.

Earlier, a seminar was held where speakers pointed out that the Indian subcontinent in general and Sindh in particular was the land of love and peace where people of different religions had been living in harmony for the past many centuries.

However, over the past few decades, extremism had made inroads into society and intolerance had spread, they added.

They stressed the need for organising such seminars and workshops so that the message of love, peaceful coexistence and harmony could be spread.

They said that efforts should be made to make the country like one the Quaid-i-Azam had envisioned.

They said that all religions gave the message of love and peace. But it were only a few misguided souls who misused the name of religion to get their short-term gains and if saner elements of society joined hands and made concerted efforts, society could once again become like it had been earlier where everybody lived in peace and harmony.

The speakers included Bishop Sadiq Danial, former MPA Michael Javed, Mohammad Ali Manjhi, Aijaz Chajhro, former city government councillor Mangla Sharma, Sardar Ramesh Singh, Mohammad Shah Bokhari, Dr Idrees Ahmed, Nasir Jehangir and others.

Sindh Culture Minister Sassui Palijo had been invited as the chief guest at the seminar and to inaugurate the exhibition, but she could not make it owing to other pressing engagements outside the city, said museum chief Mr Bokhari.

The remaining 20 photos at: website dawn.com
 
Text by Salman Peerzada/ Photos by Shameen Khan/Dawn.com and Alisia Pek/Dawn.com
Posted on: February 22, 2013, sursa

"Les femmes et le Soufisme", thème d'une rencontre scientifique à Marrakech

"Femmes et Soufisme" est le thème d'une rencontre scientifique organisée mardi [12 mars] à Marrakech, à l'initiative de la faculté des lettres et des sciences humaines relevant de l'université Cadi Ayyad (UCAM).
 
"Les femmes et le Soufisme", thème d'une rencontre scientifique à Marrakech Organisé en partenariat avec l'équipe d'Al Achâariya et du soufisme au Maroc, le laboratoire de philosophie et du patrimoine dans la société du savoir et le laboratoire de linguistiques, communication et pédagogie et l'association Muniya de Marrakech, cet événement a été rehaussé par la participation d'un aréopage d'intellectuels, de spécialistes et d'enseignants-chercheurs.

S'exprimant à cette occasion, le vice-président de l'UCAM, Janah Essâadi, a affirmé que le soufisme procure à l'individu une forte immunité contre l'extrémisme, la violence et le racisme car, favorisant les actions de bienfaisance, rehaussant l'âme au-delà du seul monde matériel et appelant à la tolérance et à la coexistence avec l'autre, abstraction faite des différences de nationalités et de religions.

Il a rappelé que le Maroc a connu la création de nombre de Zaouiya (confréries) soufies ayant joué un rôle de taille dans la généralisation de la connaissance et du savoir, et la vulgarisation des bonnes pratiques ainsi que des principes de tolérance, de paix et de fraternité, faisant observer que la femme n'était jamais absente du domaine du soufisme. Certaines femmes ont eu le grand mérite de marquer l'histoire du Royaume dans ce domaine, a-t-il dit.

La doyenne de la faculté des lettres et des sciences humaines, Mme Ouidad Tebaâ, a mis l'accent sur des exemples de femmes ayant fait leur émergence au sein de la société et servi de modèle en matière de soufisme et des bons comportements, estimant que cette rencontre a été l'occasion de jeter la lumière sur ces femmes qui ont servi de piliers pour l'édification de la société marocaine, une société dans laquelle la femme a toujours bénéficié de respect et de beaucoup d'estime.

Mme Tebaâ a considéré que l'hommage qui lui a été rendu lors de cette rencontre est un geste fort à l'égard de toutes les femmes militantes qui ne ménagent aucun effort pour contribuer aux efforts de développement au Maroc.

Quant aux autres intervenants, ils ont souligné l'importance cruciale du soufisme dans l'histoire du Maroc, lequel avait largement contribué au développement de fonctions sociales, pédagogiques et culturelles, d'autant plus qu'il a eu une influence profonde sur la société et sa mentalité.

Et de rappeler que depuis l'arrivée de l'Islam au Maroc, le soufisme s'est basé sur le comportement simple mais enraciné dans la société. Les pratiques des musulmans marocains se sont souvent concentrées sur une mystique profonde, une solidarité sociale et des dimensions pratiques, ont-ils dit.

Initiée dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la femme, cette rencontre a été l'occasion de débattre de plusieurs thématiques, entre autres "des exemples de personnalités féminines à travers le Saint Coran", "la femme et le soufisme dans l'occident islamique", "la présence du soufisme féminin au sein de la société marocaine", "les femmes et le soufisme, la quête du bonheur" et "les femmes soufies à Marrakech".

Mercredi 13 Mars 2013 - Avec MAP

Un grand connaisseur de la spiritualité musulmane s'est éteint

Hommage à Jean-Louis Michon


Par Tayeb Chouiref | le 8 mars, 2013

Son nom, Jean-Louis Michon, est connu des spécialistes de l'islam mais peu connaissent son nom en islam 'Ali 'Abd al-Khâliq. Il s'est éteint paisiblement le 22 février dernier, à l'âge de quatre-vingt huit ans.

Lorsque je le rencontrai pour la première fois, en juin 2002, l'étendue de son savoir et l'extraordinaire richesse de son parcours intellectuel et spirituel m'impressionnèrent fortement. Il s'en suivit dix ans d'amitié et de fraternité qu'il me fit l'honneur de m'accorder. Puissent les lignes qui suivent être un hommage à un homme qui n'eut de cesse de mieux faire connaître l'islam et de montrer le caractère universel de sa spiritualité.

 Jean-Louis Michon naquit en 1924 à Nancy et fut élevé en milieu bourgeois dans le catholicisme traditionnel. Il confia avoir reçu à l'âge de huit ans « un premier signe de la présence de Dieu et de sa protection ». Alors qu'il était à la piscine avec son père et ses frères, il perdit soudain pied et commença à sa noyer. L'angoisse le saisit et il se mit à prier très fortement : « Je ressentis alors une grande paix et, en toute confiance, glissai vers l'inconscience. Lorsque j'ouvris les yeux, mon père était au-dessus de moi et me faisait régurgiter l'eau que j'avais avalée... Telle a été ma première expérience spirituelle, celle qui m'a surtout appris la validité de la prière. »[1]

Jeune adulte, sa quête intérieure se précisa et il comprit qu'il lui fallait une voie adaptée à ses besoins spirituels : « J'ai très tôt compris que si je voulais suivre sérieusement une voie spirituelle, la seule possibilité que m'offrait le catholicisme était de devenir moine. Or, je n'avais pas la vocation de devenir moine... C'est pourquoi j'attendais qu'une autre voie s'ouvre à moi. »[2]

J.-L. Michon avait quinze ans lorsqu'en 1939 éclata la seconde guerre mondiale. Sa famille fuit Nancy pour se réfugier à Arcachon pensant ainsi échapper aux soldats Allemands. Se rendant compte de l'inutilité de cet exil, lui et sa famille retournèrent à Nancy où il put obtenir son baccalauréat de philosophie, puis suivre deux ans d'études en Droit et une licence d'anglais. Munis de ces diplômes, il partit pour Paris afin de compléter sa licence de Droit et suivre le cursus de la célèbre école de Sciences politiques. 

La découverte de l'œuvre de René Guénon.

De retour à Nancy, il fonde, avec un groupe d'amis, un cercle de réflexion pour « discuter et tenter de trouver des solutions aux dilemmes et aux errements d'un monde chaotique. »[3] Ces rencontres avaient lieu dans la boutique d'un libraire-poète, et c'est lui qui fit découvrir à ces jeunes chercheurs l'œuvre de René Guénon. Les écrits de ce grand métaphysicien marquèrent fortement le  jeune homme en quête de Vérité. J.-L. Michon dira de l'œuvre de Guénon :« Son œuvre, c'était la Vérité qui entrait dans ma vie, apportant des réponses d'une claire évidence aux questions que je me posais et que ne parvenaient pas à résoudre les valeurs de la bourgeoisie provinciale, qui reposait sur un catholicisme figé dans le moralisme. »[4]

Jean-Louis Michon lut alors plusieurs fois L'homme et son devenir selon le Vêdânta,[5] dans lequel la doctrine de la non-dualité et la nature spirituelle de l'homme sont exposées de manière à la fois directe et accessible à un public occidental. Un des aspects les plus marquants des écrits de Guénon est indéniablement sa critique sans concession de ce qu'il appelle « la déviation moderne » : « La lecture des livres dans lesquels Guénon faisait le procès d'une civilisation occidentale pervertie – La Crise du monde moderne, Orient et Occident, Le Règne de la quantité et les signes des temps – apportait une justification à notre désarroi, une explication du déséquilibre foncier dont souffrait une société coupée de ses racines spirituelles et oublieuses des fins dernières de l'homme. »[6]

R. Guénon revient souvent sur la façon dont l'Occident s'est détaché des valeurs spirituelles depuis la Renaissance, le développement de l'ère industrielle, le scientisme et le matérialisme. Or, souligne Jean-Louis Michon, ces valeurs spirituelles sont le fondement de toutes les grandes civilisations, y compris celui du Moyen Age chrétien. Il reconnaît en Guénon le penseur qui permit à l'intelligence des jeunes gens de son groupe « d'échapper à la prison des idéologies modernes ». Il dira ainsi : « Guénon était pour nous le Platon de l'époque, un rayon de lumière céleste projeté dans un monde malade. »[7]


J.-L. Michon et René Guénon (Le Caire, 1947)

Un autre enseignement fondamental que J.-L. Michon tire des écrits de Guénon est que la connaissance théorique des vérités universelles n'est qu'une étape préparatoire pour la réalisation de la connaissance véritable qui ne peut se faire que « dans le cadre d'une institution traditionnelle authentique et sous la direction d'un guide ayant lui-même parcouru le chemin de la quête mystique. »[8] Pour satisfaire à la nécessité d'un tel rattachement, J.-L. Michon eut d'abord l'idée d'entrer dans le bouddhisme zen. Il avait, en effet, découvert, au cours d'une visite dans un musée parisien, la richesse et la profondeur de la culture du Japon traditionnel. La lecture de l'ouvrage Essais sur le bouddhisme zen de Suzuki acheva de le convaincre. Il décida donc de tout abandonner pour se rendre au Japon en espérant y trouver l'enseignement spirituel auquel il aspirait. Mais quelques jours avant la date fixée pour son départ, en août 1945, la bombe atomique lancée sur Hiroshima mit fin à ses espoirs. C'est alors qu'il lut, par une heureuse coïncidence, un passage de  l'ouvrage d'Augustin Berque, intitulé L'Islam moderne, évoquant la figure du grand mystique algérien, le Cheikh Ahmed al-Alawî mort en 1934. A. Berque indiquait notamment que ce maître spirituel avait eu des disciples européens qui étaient entrés en islam et suivaient la voie soufie : « Cette simple phrase eut sur moi un effet immédiat : une intense émotion me saisit et je pleurai de joie. Je sus en un instant que le Cheikh al-Alawî venait de me montrer la voie à suivre, une voie que, quelques mois plus tôt, je pensais trouver dans un monastère zen. »[9]

J.-L. Michon savait que R. Guénon s'était installé au Caire depuis le début des années trente où il était connu de certains cercles spirituels sous le nom 'Abd al-Wahîd, le « serviteur de l'Unique ». Il   sentit alors qu'il devait également entrer en islam et y trouver un guide spirituel. Un collaborateur de la revue Etudes traditionnelles dans laquelle écrivait régulièrement R. Guénon, lui fournit l'adresse en Suisse de Frithjof Schuon qui dirigeait un groupe d'initiés à la voie soufie. La plupart, d'origine européenne, étaient des lecteurs de R. Guénon. Le représentant de F. Schuon à Paris était Michel Mustafa Vâlsan : « C'est celui-ci qui, avec une grande générosité, suivit et facilita mon apprentissage de la loi musulmane, la sharî'a, base indispensable de la voie spirituelle, la tarîqa, en même temps qu'il me faisait bénéficier de son intimité avec l'œuvre d'Ibn 'Arabî. »[10]

La rencontre avec Frithjof Schuon et la voie spirituelle en islam

C'est donc F. Schuon – le Cheikh 'Isâ en islam – qui accueillit J.-L. Michon, le reçut en islam et et l'initia à la voie soufie, celle du Cheikh al-Alawî. Il lui donna son nom en islam : 'Ali 'Abd al-Khâliq. Questionnant son nouveau guide sur l'utilité d'un séjour en terre musulmane, le désormais 'Ali Michon fut encouragé par lui à se rendre au Proche-Orient. C'est alors qu'un poste de professeur d'anglais lui fut attribué au lycée franco-arabe de Damas. Quelques temps après son arrivée à Damas, à Pâques de l'année 1947, 'Ali put se rendre pour la première fois au Caire afin d'y rencontrer R. Guénon qui avait accepté de le recevoir : « Venant lui-même nous ouvrir sa porte, Cheikh 'Abd al-Wahîd, habillé d'une longue tunique (guellabiyya) m'accueillit d'emblée comme un intime. J'étais fort intimidé, mais il sut me mettre à l'aise en me donnant des nouvelles d'amis communs, du Cheikh 'Isâ (F. Schuon), qui lui avait rendu visite en 1939, et de Luc Benoît, auteur d'ouvrages d'inspiration très guénonienne. Par contraste avec la rigueur catégorique de ses écrits, avec la sévérité d'une plume qui pourfendait sans concession les erreurs modernes, les déviations de l'occultisme et du spiritisme, les dangers de la contre-initiation, l'humilité rayonnant de sa personne était d'autant plus frappante. »[11]

De retour en Europe, 'Ali s'installa en Suisse et devint le voisin de F. Schuon. Cette  proximité lui permit de profiter au mieux de ses enseignements spirituels : « Je vécus cinq ans dans la proximité du maître et de ses plus proches disciples. La richesse des dons reçus de sa part, sous forme d'entretiens privés ou d'exhortation et de rappels (mudhâkarât), sous forme de pages manuscrites destinées à accompagner et alimenter les réflexions des disciples, est incommensurable... Il nous a ouvert une voie dorée pour la méditation et le cheminement dans la tarîqa,en pleine conformité avec les enseignements et les conseils qui remontent au Prophète. »[12]
   


Frithjof Schuon (Suisse, vers 1940)    
      
La maturité et l'œuvre écrite de J.-L. Michon

Devenu musulman depuis quelques années, 'Ali eut à cœur d'étudier la langue arabe et les sciences islamiques, ce qui le mena à nouveau à Damas où il rencontra le Cheikh Muhammad al-Hashimî (m. 1961), un disciple algérien du Cheikh al-Alawî. Il rédigea, bien des années plus tard, une biographie consacrée à cette autorité spirituelle et traduisit un de ses ouvrages les plus importants en français.[13] 'Ali découvrit auprès du Cheikh al-Hâshimî l'œuvre du grand soufi marocain Ibn 'Ajîba. Il lui consacra sa thèse de doctorat : Le Soufi marocain Ibn 'Ajîba et son mi'râj. Glossaire de la mystique musulmane. Il s'agit d'une étude précieuse dans laquelle il présente avec une grande clarté la terminologie en usage dans la mystique musulmane.

Les recherches sur la vie et l'œuvre d'Ibn 'Ajîba amenèrent J.-L. Michon à séjourner au Maroc à de nombreuses reprises durant les années 60. Après avoir soutenu sa thèse à la faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Paris, en novembre 1966, il conserva un grand intérêt pour le Maroc. Certaines villes, comme Fès, possédaient alors encore un caractère traditionnel très marqué.   Cela le poussa à accepter une mission de préservation du patrimoine qui lui fut confiée par l'Unesco. Il mena ainsi entre 1972 et 1980 une séries de travaux en collaboration avec Titus Burckhardt (m. 1984) afin de proposer une série de mesures visant à sauvegarder le mode de vie traditionnel de la médina de Fès ainsi que l'ensemble des caractéristiques culturelles et spirituelles qui lui sont liées.[14] Dans un rapport qu'il remit à l'Unesco, J.-L. Michon expose l'importance de la préservation des arts et des métiers traditionnels en terre d'islam : « La place importante faite aux arts traditionnels dans la société islamique vient de ce qu'ils façonnent pour cette société un cadre de vie conforme à la fois à ses aspirations spirituelles et à ses besoins matériels, sans séparer les deux domaines, mais en s'efforçant, au contraire, de les relier, d'unir le beau et l'utile, l'esthétique et le fonctionnel. La main de l'artisan traduit en mode visible des réalités subtiles, elle imprime à l'architecture et aux objets d'usage courant la marque du Message révélé qui a été à l'origine de l'islam et qui continue de lui insuffler sa vigueur. D'où la cohésion remarquable des arts musulmans à travers le temps et l'espace, cohésion qui n'a pourtant jamais exclu la variété des styles ni la spécificité régionale et locale des productions artistiques. »[15]

Après avoir accompli ces missions, il mit ses qualités de traducteur et sa connaissance de la langue anglaise au service de la traduction française d'un ouvrage de haute qualité concernant la vie du Prophète Muhammad. Cet ouvrage est celui de son ami et condisciple Martin Lings : Le Prophète Muhammad. Sa vie d'après les sources les plus anciennes. Il est aujourd'hui une des références les plus importantes concernant la Sîra, la biographie traditionnelle du Prophète. 
   


J.-L. Michon et Martin Lings (Le Caire, été 1947)

L'amour  que 'Ali portait au Prophète était intimement lié à son cheminement initiatique à travers le voie soufie. L'injonction coranique de prendre le Prophète pour modèle spirituel était essentielle pour lui : « Par sa personnalité, par son enseignement, par les vertus dont il a donné l'exemple, le Prophète Muhammad fut le premier des soufis, le modèle qui inspira les mystiques de toutes les générations ultérieures. Dans la tradition prophétique, la sunna, les soufis puisent une grande partie des directives et des conseils qui à tous les moments et dans toutes les circonstances, aide le chercheur de Dieu à réaliser l'idéal du faqr, de la pauvreté spirituelle. »[16]La pauvreté spirituelle dont il est question ici, est une notion coranique importante. Elle représente pour 'Ali l'axe principal de la voie spirituelle : « Une autre notion coranique qui joue un rôle fondamental dans la quête mystique est celle de la disponibilité pour Dieul'équivalent du vacare Deo des mystiques chrétiens –, idée que traduit le mot arabe faqr, signifiant littéralement la ''pauvreté''. De faqr est dérivé le mot faqîr, terme qui signifie ''pauvre'' et sert à désigner le mystique musulman. Un verset du Coran (XXXV, 15) dit : '' Ô hommes, vous êtes les pauvres envers Dieu ; Lui est le Riche !'' Cette énonciation a un sens littéral et évident : elle constate l'infinité de la plénitude divine et, en face de cette richesse, l'état de dépendance de l'homme et son indigence foncière. Mais ce verset contient aussi une exhortation est une promesse : c'est en effet en prenant conscience de son état de pauvreté et en tirant toutes les conséquences qu'il implique que l'homme réalise la vertu d'humilité, qu'il se vide de toute prétention... »[17]

Interrogé sur le message qu'il aimerait laisser aux jeunes générations, il dit, en forme de testament spirituel : « À mes contemporains, ceux de toutes les générations, je dirai, comme je me le dis à moi-même : préparez-vous à la rencontre avec Dieu ! C'est Lui qui nous a gratifié d'un don inestimable : l'intelligence, que l'homme parmi tous les êtres de la création est seul à posséder. Elle est le lien avec Lui, elle dirige toutes nos facultés psychiques et corporelles et, tournée vers le Seigneur suprême, éclairée par sa lumière, elle donne à chacun la possibilité de mieux se connaître et de se diriger vers ce qui est bon pour lui. Je dirais aussi : le chemin de la connaissance de soi ne peut se parcourir qu'en chassant de son âme les préjugés, les fausses valeurs et les faux dieux qui ont envahi l'Occident moderne, et en les remplaçant par une fréquentation assidue des ouvrages et des œuvres qui expriment le sens du sacré et les idéaux traditionnels. Quant à la voie qui repose sur la pratique d'une discipline spirituelle et la direction d'un maître confirmé, chacun devra la chercher, avec le secours de la prière, en regardant vers les portes, encore nombreuses de nos jours, qui savent s'ouvrir aux âmes sincères. »[18]



     J.-L. Michon et l'auteur (à gauche), au Caire en déc. 2005. 

Nul doute qu'un tel message saura atteindre les âmes de ceux et de celles qui sont touchés par l'appel de l'Absolu. Tous ceux qui ont approché 'Ali Michon ont pu constater que « la préparation à la rencontre avec Dieu » se doublait chez lui d'une attention et d'une générosité admirables envers les autres, tous les autres. 
Que Dieu accueille cette âme qui fit tant d'efforts pour Le trouver.
Rahimahu Allah.
            

[1]   « La découverte d'un chemin de Vérité. Entretien avec Jean-Louis Michon », Terre du Ciel, février-mars 2006, p. 32.
[2]   « Tradition in the Modern World », Sacred Web, conférence donnée en 2006.
[3]   « La découverte d'un chemin de Vérité... », art. cit., p. 34.
[4]   Ibid.
[5]   Cet ouvrage parut pour la première fois en 1925.
[6]   « Dans l'intimité du Cheikh 'Abd al-Wahid Yahyâ – René Guénon – au Caire, 1947-1949 » dans L'Ermite de Duqqi, Milan, 2001, p. 252.
[7]   « La découverte d'un chemin de Vérité... », art. cit., p. 34.
[8]   Ibid.
[9]   « La découverte d'un chemin de Vérité... », art. cit., p. 35.
[10]Ibid.
[11] « Dans l'intimité du Cheikh 'Abd al-Wâhid Yahyâ... », art. cit., p. 255.
[12] « La découverte d'un chemin de Vérité... », art. cit., p. 36.
[13] Les deux textes ont paru aux éditions Archè sous le titre Le Shaykh Muhammad al-Hâshimî et son commentaire de l'Echiquier des gnostiques, Milan, 1998.
[14] Plusieurs de ces travaux sont consultables sur le site de l'Unesco. Voir, par exemple, « Contribution à l'étude de la réhabilitation des Fondouks », unesdoc.unesco.org/images/0005/000500/050032fo.pdf
[15]Projet de création d'une école de préservation des arts et métiers traditionnels à Fès, p. 1, consultable sur le site  unesdoc.unesco.org.
[16]Lumières d'Islam, Milan, 1994, p. 140.
[17]Ibid., p. 138-139.
[18] « La découverte d'un chemin de Vérité... », art. cit., p. 39.


sursa: http://www.oumma.com/16016/un-grand-connaisseur-de-spiritualite-musulmane-sest-et