Paroles de Sidi Jamal

Une belle soirée (nationale), pleine de grâces divines, a réuni les foqaras de France à Paris samedi dernier autour de Sidi Jamal. Sidi Mounir est également venu en fin de soirée.

Sidi Jamal a beaucoup parlé durant cette soirée. Il a beaucoup insisté sur l'invocation, sur l'unité dans le travail de la Voie (car il n'y a qu'une Voie et qu'un Maitre il disait), sur la mahabba (l'amour) (il a dit que l'orientation n'est autre que la Mahabba), sur le travail de la Voie et sur la vénération que nous devons avoir les uns pour les autres et surtout pour les gens de Dieu.
Je vous rapporte donc ces paroles qui sont écrites en vert. Ce que j'ai mis en noir et entre parenthèses sont des commentaires venant de ma part.

Dhikr et invocation de La ilaha Ila Allah :

Il faut que le faquir soit drogué de dhikr.

Le faquir doit invoquer sans cesse La Ilaha Ila Allah, en marchant, en travaillant, en dormant.

Lorsque la langue du faquir prononce la formule de l'unicité "La Ilaha ila Allah" une lumière sort de sa bouche et s'étend jusqu'au Trône Divin. Le Trône se met alors à vibrer. Dieu lui demande de sa calmer et il répond "Je ne me calmerai pas tant que Tu ne pardonnes pas à celui qui a prononcé "la ilaha ila Allah", Dieu dit "Par Ma Puissance et Ma Majesté, Je lui ai pardonné" et le Trône se calme.

A chaque fois que j'entre voir mon père, je trouve sa langue en invocation. Sidi Boumedienne invoquait sans cesse La Ilaha Ila Allah, de telle façon que lorsqu'il entrait dans les toilettes (lieu impur à l'invocation) il appuyait avec les mains sur ses mâchoires pour que sa langue cesse d'invoquer.

La vérité de l'orientation :

Cherchez la face de Dieu mais sachez qu'elle est chère.

Sidi Hajj Al Abbas disait souvent que l'orientation est l'amour.

Dans nos conditions impures, nous ne pouvons pas nous orienter directement vers Dieu. Nous nous orientons alors vers un 'arif bi Allah qui est orienté vers Dieu. C'est ainsi que nous arrivons à nous orienter vers Dieu. En effet, nous adorons Dieu, nous n'adorons pas les personnes.

L'unité dans le travail de la Voie :

Soyez unis, travaillez dans l'unité ! Il n'y a qu'un Dieu, il n'y a qu'un Maître, il n'y a qu'une Voie.

Seyyed dit que Sidi Mounir est son bras droit.

Travaillez dans l'unité pour que vous ayez à Paris une grande zaweya. Il est important que vous ayez une grande zaweya.

Répandez la Voie partout dans l'univers ! Il faut que cette Voie touche toute l'humanité ! J'entends souvent mon père dire "Cette Voie est universelle".

Il n'arrive à cette voie que celui qui est agréé auprès de Dieu, que celui qui est aimé par Dieu.

Nous allons tous mourir. La mort ne distingue pas le jeune du vieux. Nous devons travailler pour l'au-delà. Mais il ne faut pas oublier la vie ici-bas. Il faut travailler pour l'au-delà comme si on allait mourir le lendemain et travailler pour la vie ici-bas comme si on était éternels sur cette terre.

Il faut travailler et gagner beaucoup d'argent pour les dépnser pour Dieu.
 
Vénération des gens de Dieu :

Il faut que le faquir s'éloigne du mizane (mizane = juger et critiquer). Lorsqu'un faquir est allé voir Seyyed et lui a dit "Sidi, corrige mon mizane" Seyyed lui a répondu "Ce mizane, il faut le casser!"".

L'orientation est l'amour et lorsqu'on est orienté vers le Maître spirituel, on aime ses enfants et on aime tout ce qu'il aime.


Je vous raconte à ce sujet une histoire qui s'est passée en 1974. Mon père avait l'habitude d'aller tous les ans à Tétouan. Cette année-là, il ne pouvait pas et c'est moi qui suis allé à sa place. Lorsque le moqadem de Tétouan est venu m'acueillir il s'est dit intérieurement "On reçoit Seyyed et on l'accueille car il est le Cheikh mais celui-là n'est que son fils"". Après quelques instant, j'ai senti qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, je suis donc parti. Le moqadem de Tétouan, à qui vous pouvez demander qu'il vous raconte l'histoire si vous le rencontrez un jour à Madagh, voyait beaucoup de Moushahadat (visions) lorsqu'il invoque. Après cet événement, il ne voyait plus rien. Quelques mois plus tard, il est allé voir Seyyed et lui a exprimé son inquiétude de ne plus rien voir. Mais sachons que les Moushahadat ne sont pas l'objectif de la Voie de Dieu, l'objectif est de rester dans la Voie jusqu'à la fin (la mort). Seyyed lui a dit "regarde ce que tu as fait, peut-être as-tu commis un péché !" Le moqadem confirme que non. Seyyed lui dit encore "peut-être as-tu fait le mizane (juger et critiquer) quelqu'un". Et là, il s'est rappelé de ce qu'il a dit intérieurement de moi, et a dit à Seyyed "pardonne-moi". Seyyed lui a répondu "Ce n'est pas à moi de te pardonner, mais à Sidi Jamal"". Il est venu frapper à ma porte et je l'ai fait entrer. Il m'a dit "je viens pour que tu me pardonnes". Je lui ai dit "mais de quoi ? tu ne m'as rien fait". Il m'a alors raconté ce qu'il a pensé de moi et je lui ai pardonné. Depuis, il a retrouvé ses états"

(Sidi Jamal nous montre par cette histoire que le Mizane, même par la pensée contre les gens de Dieu, est fatal pour le cheminement du disciple ! Cela est encore plus grave pour le cheminant lorsque ce Mizane est fait autrement que par la pensée, sous forme de paroles ou d'actes).

Si tu m'aimes, tu aimes également mon fils. Comment voulez-vous que je dise à Sidi Ahmed (il tourne la tête vers un ancien faquir, Sidi Zarrouqui) que je l'aime alors que je n'aime pas son fils ?

Je vous raconte une histoire à ce sujet. C'est une histoire qui a été vécue par un faquir de Sidi Mohammed Al Habri, un Maître de Darqawa qui vivait sur la frontière entre le Maroc et l'Algérie. J'ai rencontré ce faquir moi-même en 1967. Sidi Mohammed Al Habri, avait un fils, Sidi Ahmed, qui buvait de l'alcool. Un jour, le faquir en question est allé chercher de l'eau à une rivière, derrière la zaweya. A un endroit à l'écart il y avait Sidi Ahmed qui buvait de l'alcool. Il a vu le faquir et a pensé qu'il était venu l'espionner et l'a alors giflé. Le faquir est parti sans rien dire. Un jour, il a raconté l'histoire de la gifle à un autre faquir, qui lui-même l'a racontée à un autre et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à l'oreille du Maître, Sidi Mohammed Al Habri. Un jour, en pleine soirée, Sidi Al Habri dit au faquir "alors comme ça mon fils te gifle et tu ne me dis rien"? le faquir est resté la tête baissée sans répondre. Le maître répète la question deux fois, et ce n'est qu'à la troisième fois que le faquir confirme avoir été giflé. Le Maître lui demande "Comment as-tu trouvé cette gifle ?" Il répond "C'était une gifle mielleuse (du miel)". Sidi Al Habri se met alors debout et lui a embrassé le front".

(Sidi Jamal nous montre par cette histoire la vénération que nous devons avoir pour le Maître et ceux qui sont chers au Maître, même dans les cas extrêmes, lorsque ces personnes chères sont égarées. C'est donc d'autant plus vrai lorsque les enfants du Maître sont des gens de Dieu, des héritiers du Maitre, qui est le cas de Sidi Jamal et Sidi Mounir.
Et c'est donc la plus grande vénération que nous devons avoir pour Sidi Jamal et Sidi Mounir si nous voulons que notre cheminement soit un cheminement pur et surtout un cheminement qui mène vers Dieu).

(L'histoire n'est pas finie et la suite montre la force de la vénération des foqaras de Sidi Al Habri à leur Maître et à son fils). Sidi Jamal reprend :

Lorsque Sidi Mohammed Al Habri est décédé, environ 150 disciples s'étaient réunis à la zaweya. Parmi eux, un faquir a reçu le Sirr de tarbeya, mais il est resté silencieux. Les disciples dicutaient entre eux comment faire pour pérpétuer la tariqa. L'un d'entre eux a dit "Nous avons gagné grâce à cette maison (maison de Sidi Al Habri), voulez-vous que le Sirr sorte de cette maison ?" Ils ont alors décidé d'aller chercher le fils du maitre, Sidi Ahmed qui était toujours égaré. ce dernier s'est alors repenti et les disciples ont décidé que chacun d'entre eux, à titre de rôle, l'accompagne pour un mois dans la Khoulwa (retraite) jusqu'à ce qu'il ait le Fath (Ouverture). Ainsi ces disciples, par amour pour leur Cheikh décédé et par vénération, ont agit pour pérpétuer le Sirr dans la maison Al Habri".

S. Manssour