La réalité du cœur dans le soufisme - 4

Dieu nous a guidé vers le droit chemin, il a donc dit: "Interroge donc qui est bien informé de Lui" (Alfurqan 25, verset 59). Celui qui est bien infor de Lui est le Saint ou le Connaisseur de Dieu  qui  connaît le chemin  sûr  pour  arriver à Lui. Dieu  a encore  dit"ô les  croyants ! Craignez Allah, et cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui" (Almaïdah 5, verset 35). Cela signifie que le moyen est légitime, basé sur le Livre et la Sunnah, et est aussi humain, basé sur l'autorisation de Dieu et de Son Messager. Ce moyen est le seul permettant d'atteindre  les secrets de Son essence et de Sa connaissance.

Dans le même sens,  Dieu dit encore: "Demandez donc aux érudits du Livre, si vous ne savez pas"  (Alanbiyaa  21,  verset  7).  Les  érudits  du  Livre  sont les  spécialistes  qui,  dans  le domaine de la connaissance de Dieu, sont les gens de la Vérité, ceux qui sont arrivés et qui font arriver les autres.   Celui qui s'interroge sur la  réalité divine, veut régler les comptes avec sa Nafs, qui ordonne le mal, pour la remplacer par une âme apaisée et la sortir de l'obscurité de l'inadvertance vers la lumière de la vigilance, devrait suivre le conseil d'Ibn 'Achir quand il dit dans "almurchid almu'in":
"Etre en compagnie d'un Chaykh connaissant les chemins, préserve des fatalités".

Le disciple doit respecter son Chaykh dans le domaine de la réalité divine. Embrasser la main du Chaykh marque la plénitude du respect et de la reconnaissance. Alimam Achchatibi a rapporté d'Abi 'Utman Aljabri: "le compagnonnage avec Dieu est le bon adab avec la crainte et la  surveillance,  le  compagnonnage  avec  le  Messager  d'Allah  est  de  suivre  sa  tradition,  le compagnonnage avec les Saints est le respect et la servitude.

La preuve qu’il est permis d’embrasser la main est que le Prophète (pssl) a embrassé la main de son compagnon Mu’adh Ibn Jabal quand elle a enflé à cause du travail puis il a dit : "Allah et son Messager aiment  bien cette main"; et dans une autre version il est dit: "cette main ne sera jamais brûlée". L'Imam Annawawi a rappor d'Abou Dawud d'après Ibn Omar dans une histoire: "nous nous sommes approchés du Prophète (pssl) et nous avons embrassé sa main". Il a aussi rapporté de l'Imam Tirmidhi d'après 'Aïcha que le Prophète (pssl) avait  pris dans ses bras Zaïd Ibn Haritha et l'avait embrassé par amour. Le fait d'embrasser est donc une bonne pratique si cela est fait par amour abstrait, dépourvu de tout matérialisme.

Abdelqader  'Issa  dit  dans  son  livre  "Des vérités  sur  le soufisme"  (p  167):  "celui  qui observe et  analyse  les vérités et se réfère aux Hadiths,  aux traces des compagnons et aux paroles des Imams véridiques trouvera que le fait d'embrasser la main d'un savant, d'un saint ou d'un parent est permis du point de vue de la Chari'a. Ceci est même une forme de politesse visàvis des gens de grâce et de piété".

Il faut noter que le Chaykh qui mérite la considération et le respect et à qui on embrasse la main par amour est le Chaykh authentique, celui à qui Dieu a confié la mission d'améliorer l'état   des   ur e de comportements   e celle   de   purifier   les   âmes   polluées   par l'inadvertance. Celleci est le plus grand pollueur du sentiment et de la conscience, et est aussi un voile qui empêche d'atteindre la Vérité. Le contraire  de  l'inadvertance est la vigilance du ur qui est l'unique  porte ouverte vers la Vérité. La science de la Vérité  est la seule qui permet d'éliminer l'état de l'inadvertance, d'ouvrir l'œil du cœur (albassira) et de préparer le chemin, avec l'aide du porteur de cette science, pour connaître le Seigneur du paradis.

Un Chaykh  connaissant  les  chemins  préserve  son  compagnon  des  fatalités.  Il  a  été surnommé "le  Souffre Rouge" car il est difficile de couvrir sa station (maqam) sauf par le moyen du compagnonnage, de l'invocation et de la communication entre les âmes. Celui qui ne trouve pas un tel Chaykh, mieux vaut pour lui se contenter de l'invocation comme simple acte d'adoration et des bonnes œuvres. Une bonne œuvre, acceptée par Dieu, ne au paradis; et le soufisme  authentique  basé  sur  le  Livre  et la Sunna,  sur  l'invocation éducative  et  sur  le compagnonnage d'un Chaykh éducateur et authentique mène vers la connaissance du Seigneur du paradis.  Or tout le monde demande le paradis et peu de gens demandent à connaître le Seigneur du paradis.

Le paradis est une créature. Or, la créature n'est pas l'objectif à atteindre même s'il s'agit d'un prophète, d'un messager ou d'un saint. Celui pour qui il faut œuvrer n'est autre que le Créateur. Dans la tradition soufie, le serviteur ne s'oriente et ne cherche à arriver que vers son Seigneur et son Créateur, et s'il cherche la créature et l'accompagne c'est pour arriver au
Créateur. Il s'avère donc une nouvelle fois que l'unicité pure provenant du ur et non altérée par l'établissement de preuves mentales sur l'existence de Dieu se trouve chez les gens de la connaissance divine.

Cette connaissance divine est un don de Dieu, elle descend du ciel vers la terre comme un acte de générosité accordé à un serviteur qui a réalisé ce qu'a dit l'Imam Achchatibi dans son livre "Ali'tissam" en  parlant de Abou Yazid Albastami qui a dit: "j'ai vu mon Seigneur pendant mon sommeil et j'ai dit: "comment arriver à Toi?" Il a dit: "délaisse ta nafs et viens".

L'accès à cette connaissance se produit dans le monde spirituel, celui des mystères et qui dépasse tout raisonnement mental et logique. A ce propos, un connaisseur a dit: "par Dieu, si nous dévoilons ce que nous savons, peu de gens nous croirait, ceux faisant partie de l'élite, les gens de lumière".

Ce côté des secrets que les gens de la Vérité gardent précieusement pour ne pas épuiser les esprits qui  n'assimilent  pas les choses  rapidement, se découvre  et se sent à travers la communication des âmes. Les traces de ces secrets se voient dans le changement des états des disciples, de mauvais à bon et de bon à meilleur.  C'est une preuve apparente que le Chaykh agit par l'autorisation de Dieu et non par soimême et que  son éducation est bien divine et spirituelle. On ne reconnaît pas un agriculteur dans le marché mais dans son champ on peut constater le fruit de son travail. La société n'est qu'un champ abstrait et le Chaykh éducateur, autorisé  à  pratiquer  l'éducation  spirituelle,  est  un  agriculteur  abstrait.  Il  me  le  Dhikr (l'invocation) dans les âmes et se met à planter les sens suprêmes dans les cœurs et les arroser par les secrets de la présence divine et par le flux spirituel du Prophète (pssl). Mais Dieu fait les choses et autorise selon Sa Volonté.

Quelle est donc la source originelle et légitime de l'autorisation spéciale accordée au Saint  Connaisseur  de  Dieu?  Alboukhari  et  Mouslim  rapportent  dans  une  histoire  avec  le compagnon du Prophète Omar ibn Alkhattab, d'après Abou Huraira que le Prophète (pssl) a dit: "parmi ceux qui vous ont précédé il existait des gens à qui on avait parlé (mouhaddathoun pl. de mouhaddath), et s'il devait en exister un dans ma communauté, ce serait Omar". Dans une autre version d'Alboukhari d'après Abou Huraira, le Prophète (pssl) a dit: "il existait des hommes parmi les fils d'Israël à qui on avait parlé (moukallamoun pl. de moukallam) sans qu'ils soient prophètes, et s'il devait en exister un dans ma communauté, ce serait Omar". Ce qui est vrai pour ceux qui ont suivi Moussa est vrai aussi pour ceux qui ont suivi Mohammad. Comme dit précédemment, la révélation (alwahy) est réservée aux prophètes et se fait par le moyen de  l'Ange;  et  les  messages  divins  diffusés  dans  le  ur  sont  réservés  aux  saints  et  aux connaisseurs.

Alhafid ibn Hajar a dit au sujet de la personne à qui on parle (en arabe mouhaddath ou moukallam) que c'est un illuminé ou inspiré (moulham) et que les anges lui parlent sans qu'il soit prophète.
Malgré  des avis différents,  les deux termes mouhaddath et moukallam ont le même sens mais il ne serait pas correct de porter leur sens sur celui du mot moulham (inspiré). Etre
mouhaddath va dans le sens ou un message ou un appel de Vérité émane du cœur du saint ou du  connaisseur,   alor que   l'inspiration   (ilham)   est   un   sentiment   intérieur affectif  ou conciliatoire. Dans ce sens Dieu dit: "[Et voilà] ce que ton Seigneur révéla aux abeilles : “Prenez des demeures dans les montagnes" (Annahl 16, verset 68). Le mot "révéler", dans ce verset, signifie "inspirer sans voix", au contraire du mot "parler".  Par  conséquent,  au sens du mot "inspirer", Dieu révèle aux saints inspirés en matière d'éducation pour éduquer les âmes de Ses serviteurs, alors qu'en matière d'autorisation il s'agit du sens du mot "parler".

Mais  alors,  qui  pourrait  être  qualifié  de  mouhaddath  ou  moukallam?  Seraitil  un écrivain, un  philosophe,  un penseur,  un faqih (savant de la Chari'a)?  Ou serait‐il quelqu'un parmi les gens de Vérité cachée ou intérieure?

Il est regrettable que la Réalité des mystères et de l'invisible soit atteinte par une sorte de dégénérescence à cause de l'absence de sincérité et de fidélité, du fait de ne pas s'adonner au rappel de Dieu (le dhikr) avec une orientation émanant du ur, de l'interruption du flux et du secret spirituels, du durcissement  des  sentiments, du dessèchement des cœurs des sens spirituels et de l'occupation par les prétentieux des places de Saints et de Connaisseurs. Tout ceci a fait que cette Réalité perde sa valeur au point que le Chaykh d'une voie dite soufie, ou le président de ce qui a été appelé le conseil supérieur du soufisme, est élu comme un président d'une association sportive. Or, le vrai soufisme est une Réalité mystérieuse que Dieu accorde à qui  Il  veut.  Nous  avons  perdu  notre  capital  matériel  et  abstrait.  Le  Prophète  (pssl)  a  dit: "chaque  jour  vous  vous  faites  humilier".  Les  sens  spirituels  et  moraux  qui  permettent  de conserver la quiétude et la stabilité dans la société jouent le rôle du lubrifiant dans le moteur. Si les cœurs perdent les valeurs de fraternité, de clémence et de  miséricorde les pensées se heurtent les unes contre les autres  comme  le tal dans le moteur quand  le  lubrifiant se dessèche.  De   apparaît  l'importance  de  l'existence  des  Saints,  des  gens  vertueux  et  des Connaisseurs  comme  des  repères  de  guidance  et  des  sources  d'orientation  au  sein  de  la société.

Les Saints ou les maîtres de l'éducation spirituelle sont ceux qui ont connu leur Seigneur, ont été sincères avec les serviteurs, ont agi par Son autorisation et ont appelé à suivre la Charia de Dieu tout en suivant les traces  du Prophète (pssl) et sa tradition ainsi que celle de ses compagnons.  Ils  sont  souvent  qualifiés  par  "les  appelants  vers  Dieu",  mais  quand  ils  se spécialisent dans  la  connaissance  des  âmes  et  leurs  habitudes  en  essayant  de  réparer  les courbures et les distorsions à côté d'un travail d'orientation, de guidance et d'appel vers Dieu, ils sont alors reconnus comme des maîtres de l'éducation spirituelle bae essentiellement sur la  communication entre les âmes et ils sont considérés comme des experts compétents en matière de guidance vers Dieu. Allah a dit: "Le Miséricordieux, renseigne toi sur Lui auprès d'un expert". Le doyen spirituel de ces maîtres est un Pôle (qotb).

Ibn  Khaldoun  a  cité  ce  que  les  gens  de  la  Réalité  soufie  affirment  et  que  leurs adversaires  renient.  Le  Pôle  (alqotb)  est  le  sommet  des  connaisseurs.  Personne  ne  peut l'égaler dans sa station et sa connaissance jusqu'à ce qu'il décède. Ensuite Dieu fait héritage de sa station  à  quelqu'un  d'autre  parmi  les  gens  de  la  connaissance.  Le  pôle  est  un  homme
comme les autres en l'apparence mais reste cac dans l'abstrait. Tu le vois et tu ne le vois pas: tu le vois par l'œil physique mais tu ne le vois pas par l'œil du cœur (albassira). Ibn Khaldoun a rapporté du "Livre des guidances" d'Ibn Sina (Avicenne): "Dieu ri est tellement majestueux qu'Il  ne  donne  accès  à  Sa  connaissance  à  tous,   cela  se  fait  à  l'un  après  l'autre".  (Al‐ mouqaddima, (l'Introduction), p 875).

Ceux qui ont connu Dieu ont perdu le voile de l'inadvertance qui couvrait leurs cœurs; ils se sont  manifestés par leurs âmes pour Le connaître et ont vu Sa Réalité avec l'œil de leurs urs. Lil physique voit les corps et les choses matérielles alors que l'œil du cœur voit les réalités et les choses abstraites. Ceux qui ont vu le corps du Prophète (pssl) avec l'œil physique et n'ont pas vu sa réalité avec l'œil du ur sont ceux qui  ont  dit: "Qu'estce donc que ce Messager qui mange de la nourriture et circule dans les marchés ? Que n'aton fait descendre vers lui un Ange qui eût été avertisseur en sa compagnie ?" (Alfurqan 25, verset 7). Il est certainement le messager de Dieu; il a été envoyé  en avertisseur à des gens pareils et en porteur de bonnes nouvelles pour les croyants véridiques. Dieu ne transmet pas ses lois par le moyen des anges mais par  l'intermédiaire de messagers  qu'Il a choisis parmi Ses serviteurs vertueux. Dieu a dit: "ce ne sont pas les yeux qui s'aveuglent, mais, ce sont les cœurs dans les poitrines qui s'aveuglent" (Alhajj 22, verset 46). Peut être que l'illettré verrait avec l'œil de son ur alors que le savant verrait avec son œil physique, ou que l'illettré croirait avec véracité et docilité ce qu'il ne connaît pas alors que le savant aurait du doute et de la curiosité par rapport à ce qu'il ne connaît pas. Un savant fier de son savoir dirait sans preuve légitime que "le le n'existerait pas", alors l'illettré lui répondrait: "s'il existe tu seras banni de sa grâce". Quel mal aurait ce savant  en cessant  de  parler  de ce qu'il ne sait pas  et en  délaissant  le savoir de l'inconnu au Connaisseur des mystères et de l'invisible.

Les gens de la Réalité soufie insistent au premier degré sur le cœur comme une source essentielle des sens supérieurs et perpétuels et ensuite sur le mental comme un moyen pour gérer les affaires de la vie. Ils insistent également sur la Réalité comme une grâce et un acte de générosité et sur la Charia comme un devoir sacré. Ils notent la cessité du maître éducateur dans la voie de la Réalité. Les orgueilleux qui refusent d'avoir  un maître dans la voie de la Réalité n'ont que deux choix à faire: soit rester au niveau de la Charia, voilés de  la Réalité malgré les actes apparents, soit prendre  le risque de régler les comptes avec leurs nafs et prendre le chemin rude, inconnu et sans guide.

Il n'y a pas de doute que celui qui essaye de régler les comptes avec sa nafs pour la sortir du  monde  de  l'inadvertance  vers  le  monde  de  la  vigilance  du  ur,  seul,  sans  maître, connaissant les chemins  intérieurs,  qui surveille ses états  et qui revient  vers  lui en cas de changement de son état d'esprit, pourrait  finir dans un état de "jadb". C'est une déviance spirituelle qui pourrait toucher certaines personnes qui ne suivent pas un chemin intérieur sûr et sécurisé.  Ces  personnes  sont  attirées  par  la  présence  divine  sans  passer  par  le  chemin intérieur abstrait  et  par  la  présence  prophétique  avant  la  présence  divine.  Ces  personnes (appelées majadib pl. de majdoub) sont solitaires et majestueuses  alors que les gens qui ont suivi le  bon chemin sont sur la tradition du Prophète (pssl), respectent la Charia, les valeurs morales et tout ce qui se rapporte au sentiment du beau, ensuite ils sont solitaires et divins. Et
même si les "majadib" peuvent être des saints, dans le sens Dieu les a pris en charge et a voulu que leur état soit ainsi, ils ne rendent service à personne et peuvent même faire du tort intérieurement à celui qui leur a por préjudice.

Il  est  connu  que  l'état  de  "jadb"  perturbe  le  cours  de  la  vie  normale.  Il  est  donc recommandé  d'éviter  de  tomber  dans  cet  état  en évitant  les  causes  et les  moyens  qui  le provoquent tels que la diversification des invocations et le traitement des âmes sans médecin spirituel. Il est connu à travers  l'histoire  que nul n'est tombé dans un état de "jadb" en la compagnie d'un vrai Chaykh éducateur. Le "jadb" arrive à celui qui essaye d'éduquer son âme par lui même ou qui se livre à un faux Chaykh.

Dieu sait à quel point un prétendant de la sainteté a besoin d'un Chaykh ridique pour le sauver de la noyade dans la mer de l'imagination et de l'illusion. Il ne s'agit pas simplement d'un acte d'adoration commun à tous les gens mais de la purification des âmes afin d'atteindre la réalité des mystères et de l'invisible qu'ont vécu les Saints et les Connaisseurs.

La légitimité du compagnonnage qui lie le disciple au Chaykh est établie par le fait qu’il soit une tradition (Sunnah) qui existait entre le Prophète (pssl) et ses compagnons. Dieu a dit dans le Coran, en citant l’histoire de la migration du Prophète (pssl) avec son compagnon Abou Bakr : " se trouvant dans la grotte avec son seul compagnon, il disait à celuici : «Ne t'afflige pas
! Dieu est avec nous.» Dieu étendit alors sur lui Sa sérénité " (Attawba 9, verset 40). Les soufis se sont basés sur cet événement pour prouver la légitimité du compagnonnage. On en trouve aussi une origine quand il s'agit de renforcer la foi du musulman comme dans l'exemple ci par Ibn Taymiya concernant la relation spirituelle entre Abou Bakr et Omar et la force de la foi chez Abou Bakr qui primait sur la force du travail chez Omar. La force de la foi du Chaykh, en plus de son autorisation lui permet d'éduquer ses disciples.

Quand Ibn Taymiya a dit: " il n'y a pas de doute que Abou Bakr a une plus grande foi que Omar et que Omar devance Abou Bakr par sa force du travail", il a donc souligné l'importance du compagnonnage. La force de la foi est la condition essentielle et aussi la porte unique pour le monde de la réalité des mystères et de l'invisible. Ibn Taymiya dit: " du vivant du Prophète (pssl), et après son cès, il arrivait à Omar des choses qu'il n'avait pas et ce à cause de la foi et la science qu'avait Abou Bakr"

Si Omar, avec toute la grandeur et la station qu'il avait et dont le Prophète (pssl) a dit à son sujet : " s'il devait y avoir un Prophète après moi ce aurait été Omar", a pu bénéficier de la compagnie d'Abou Bakr, pourquoi  donc un individu quelconque ne bénéficierait‐il pas de la compagnie d'un Chaykh connaisseur de Dieu qui le  guiderait et le sortirait de l'obscurité de l'inadvertance vers la lumière de la vigilance?

Les Chouyoukh de l'éducation spirituelle se basent essentiellement sur l'autorisation à enseigner  le  Dhikr  (l'invocation).  On  trouve  à  ceci  une  référence  légitime  dans  ce  qu'ont rapporté Attabarani et Albazzar  sur le Propte (pssl) qui conseillait Ali en lui disant:  "sois assidu dans l'invocation de Dieu à voix haute et à  voix basse". Ali a demandé: et comment
j'invoque? "ferme tes yeux et écoute moi; dis: LA ILAHA ILLA ALLAH trois fois. Puis dis le trois fois que je  t'écoute. Ensuite tu dis cela à voix haute". On raconte aussi que le compagnon Abdoullah Ibn Mas'ud a dit:  "j'ai appris les deux professions de foi du Messager de Dieu en mettant mes mains dans les siennes". Il est connu que le Chaykh prend la main de son disciple pendant la transmission du pacte.

Les Chouyoukh de l'éducation spirituelle se concentrent sur la communication entre les âmes. C'est une  éducation par l'aspiration ou l'inspiration (Himma ou Ilham), une éducation abstraite et silencieuse qui a un effet sur le sentiment comme l'eau qui fait son effet dans les branches de l'arbre.

Dans un Hadith qui rapporte une conversation entre Handhala et Abou Bakr il est fait référence à l'effet de la communication entre les âmes et à l'état du Dhikr. Handhala a dit: "j'ai rencontré Abou Bakr qui m'a  demandé comment j'allais, j'ai donc répondu: Handhala est un hypocrite.  Il  a  répliqué:  Soubhane  Allah,  que  distu?  J'ai  dit:  nous  sommes  des  fois  en compagnie du Prophète (pssl) qui nous parle du paradis et de l'enfer comme si nous y étions, et s lors que nous sortons de chez lui (pssl) nous nous occupons avec nos  familles et nos fermes, nous oublions tout. Abou Bakr a dit: par Dieu nous vivons tous la même chose. Nous sommes donc partis voir le Propte (pssl) et j'ai dit: Handhala est un hypocrite ô Messager de Dieu. Qu'estce qui t'arrive? M'atil demandé. J'ai répondu: Ô Messager de Dieu, nous sommes des fois en ta compagnie, tu nous parles du paradis et de l'enfer comme si nous y étions, et dès lors que nous sortons de chez toi nous nous occupons avec nos familles et nos fermes, nous oublions tout. Il a donc dit: "je te jure par Celui qui détient mon esprit dans Sa main, si vous restez  dans  le  même  état  que  celui  que  vous  éprouvez  en  ma  compagnie,  les  anges  vous serreront la main dans vos lits et sur vos chemins, mais il y a des moments et des moments". Cette dernière expression (en arabe : saa'tan saa'tan), signifierait, et Dieu seul le sait, qu'il y a un mouvement de marée haute et mae basse dans l'abstrait et dans le matériel. Il est donc naturel d'avoir des états différents qui varient entre des moments de force et des moments de faiblesse.

Les Imams Attirmidhi, Ahmad Ibn Hanbal et Ibn Maja ont rapporté ces paroles de Anas Ibn Malik (que Dieu l'agrée): "nous n'avions même pas enlevé de nos mains le reste de terre après l'enterrement du Messager  de Dieu (pssl)  que nous avions désavoué  nos cœurs".  Ils avaient désavoué leurs cœurs au moment de la disparition de l'âme du Prophète (pssl) mais ils n'ont pas désavoué leurs actes. On dit souvent: que Dieu nous fasse miséricorde par celui à qui Il l'a déjà accordée. La miséricorde prend sa source dans les cœurs, bons et purs. Dieu a dit au sujet du serviteur vertueux qui a eu comme élève le Prophète Moussa (sur lui la paix): " Nous lui avions  accordé  une miséricorde,  de Notre part, et Nous lui avions  enseig une science émanant de Nous". La miséricorde est une terre abstraite sur laquelle poussent la réalité divine et  la  science  cachée.  Les  gens  qui   sont  couverts   par  cette  miséricorde  sont  les  plus miséricordieux envers les serviteurs de Dieu, et ce sont eux qui disent: "ne déteste pas un juif ou un chrétien mais déteste ta Nafs qui est entre tes cos". Celui qui ne déteste ni de juif ni de chrétien ne peut pas détester les croyants. C'est l'une des caractéristiques des gens qui ont les flux divins.

Le Chaykh Ahmad Attijani a expliqué dans son ouvrage "Jawahir Alma'ani" (Les entités des sens) que le flux divin qui circule en toute époque est déposé entre les mains de l'élite de l'élite des serviteurs de Dieu,  vertueux et vivants (une vie physique et abstraite). Or, c'est le vivant qui compte. Etre vivant c'est pouvoir communiquer avec les âmes. On dit: "le secret de la Vérité Divine est dans la créature". Alors, le dépositaire du  Secret Divin ne peut être que vivant.

L'éducation spirituelle  est conditionnée  par le compagnonnage du Saint  véridique  et vivant car  le  mort  n'éduque  pas  le  vivant.  Le  vide  que  le  vivant  arrive  à  combler dans  le domaine de l'éducation et de la guidance ne peut pas être comblé par le mort même si celuici avait un plus grand degré pendant sa vie. Pendant son Califat, Omar Ibn Alkhattab était sorti pour Salat Alistisqae (prière pour demander la pluie) et avait pris Al'Abbas Ibn Abd Almuttalib (l'oncle du Prophète (pssl) par la main en disant: nous demandions l'intercession du Prophète (pssl) pendant sa vie, et après sa mort, nous demandons l'intercession de son oncle Al'Abbas. Le  fait  d'intercéder  veut  dire  ici  effectuer  la  prière  d'Alistisqae.  Or,  la  prière  est  un  acte d'adoration que seul le vivant peut effectuer.

Ceux qui excluent la nécessité du compagnonnage du Chaykh véridique et vivant ne font pas la différence entre l'adoration et les règles établies de la Chari'a et entre l'éducation des âmes qui purifie sous la chaleur spirituelle, abstraite et silencieuse tout comme l'œuf qui, sous la poule, englobe une substance vivante.

La  raison,  aussi  évoluée  soit‐elle,  est  incapable  de  terminer  d'où  et  comment s'introduit la vie  dans l'œuf ni comment se forme le miel dans la ruche. La raison est donc incapable de cerner la Sagesse de Dieu dans ce qu'elle voit du monde extérieur. Et comment ne seraitelle pas incapable de cerner Sa Sagesse dans ce qu'elle ne voit pas du monde intérieur, le monde des âmes, imperceptible et nondélimité. " Ils t'interrogent sur l'âme. Dis‐leur : «L'âme relève de l'ordre exclusif de mon Seigneur et, en fait de science, vous n'avez reçu que bien peu de chose.»" (Alisraa 17, verset 85).

Par conséquent, le Chaykh éducateur véridique connaisseur de Dieu est indispensable dans le domaine de l'éducation spirituelle et cela devient une évidence. De grands savants et penseurs  tels  que  l'Imam   AlGhazzali  et  Achchaarani  ont  eu  des  Chaykhs  éducateurs. Abdelkader Issa a écrit dans son livre (Des vérités sur le soufisme): " il n'est jamais possible de se débarrasser de la nafs et de l'ostentation sans être avec un Chaykh".

Le  soufisme  est  une  réalité  des  mystères  et  de  l'invisible  émanant  de  Dieu  qui  ne s'acquiert pas  auprès des Chouyoukh de la même façon que les sciences apparentes. La vérité n'est pas une propriété du Chaykh qui la met à disposition du disciple. Le Prophète (pssl) qui est la source de toutes les vérités a dit dans un Hadith rapporté par AlBoukhari: " je ne suis que le distributeur et c'est Dieu qui donne". Le donneur est eternel et celui qui Le cherche est le distributeur. Quiconque connaît le distributeur, connaîtra la porte du don divin.

Ce que prend le disciple  chez le Chaykh  n'est pas le soufisme  mais la sincérité et la fidélité, la pureté du cœur et de la conscience, la servitude à Dieu et l'orientation du cœur vers le Donneur, Celui  qui tient la  rité dans  Sa main  toute puissante.  Le Prophète (pssl) a signalé ce qu'on peut considérer comme des signes des Chouyoukh de la connaissance divine dans l'éducation spirituelle, dans un Hadith Sahih rappor par Ibn  Abbas en répondant à la question: quel homme est le meilleur parmi nos compagnons? " Celui dont la vue  vous  fait rappeler Dieu, la parole enrichit votre savoir et les actes vous font rappeler la vie de l'au‐delà".

Nous nous interrogeons donc au sujet de la catégorie de gens sur laquelle s'appliquent les paroles du Prophète (pssl) dans un Hadith rapporté par AlBoukhari et Mouslim: " Des gens de ma communauté ne cesseront d'accéder à la Vérité. Aucun mal ne les atteindra jusqu'à ce que Dieu fasse régner Son ordre" (le jour du jugement dernier). S'agit‐il des invocateurs ou des inadvertants? Des connaisseurs de Dieu ou de ceux qui ignorent Sa Vérité? Des gens de Dieu ou des gens de la Dounia (la vie d'icibas)? S'agit‐il de ceux qui aiment Dieu et Son messager ou ceux qui aiment l'argent? De ceux qui agissent par le Livre d'Allah et la Sunnah de Son Prophète ou de ceux dont Dieu a dit à leur sujet: " N'as‐tu pas vu celui qui prend sa passion pour une divinité? Serais‐tu disposé à en être le garant? Estimestu que la plupart de ces gens entendent ou comprennent? En vérité, leur niveau ne dépasse pas celui des bestiaux, ou plutôt ils sont plus égarés  encore."  (Alfurqan  25,  verset  44).  S'agitil  encore  de  ceux  sortant  des  écoles  de l'éducation spirituelle et des caractères nobles, titulaires de diplômes de servitude à Dieu et de soumission à Sa Grandeur et Sa Majesté ou de ceux qui sortent des écoles de  philosophie, experts en matière de métaphysique et de polémique. Il s'agit incontestablement des diplômés des écoles spirituelles, divines et Mohammadienne.

Si on considère que l'éducation de tous genres a une importance spéciale dans notre époque, que le musulman a besoin d'une éducation religieuse, morale, spirituelle, mentale et physique, et qu'un éducateur spécialisé est une condition nécessaire pour la pratique de toute sorte  d'éducation,  nous  serons  convaincus  de  la  nécessité  du  Chaykh  éducateur  dans  le domaine spirituel. Cependant,  la mission  du Chaykh ne va pas  audelà des principes  de la Chari'a pour éduquer les âmes et les purifier et ne consiste pas à émettre des lois si le Chaykh ne fait pas partie des savants de la Chari'a.

On  remarque  de  nos  jours  que  les  musulmans  ont  accordé  de  l'importance  à  l'éducation physique  ainsi  qu'à  l'éducation  culturelle  et  ont  construit  des  centres  sportifs,  des  écoles  et  des universis mais ils ont négligé l'importance de l'éducation spirituelle malgré sa compatibilité avec les principes de la religion et les composantes de la société. Certains ont déclaré la guerre aux Zawiya qui sont considérées comme des écoles du rayonnement spirituel et ce malgré le rôle positif qu'elle joue au sein de la société. L'éducation spirituelle engendre un climat de fraternité et d'amour. Elle fait l'effet de l'huile qui lubrifie les pièces du moteur et empêche les frottements. Elle contribue à la sécurité et la stabilité dans la société. Dieu a dit : "N'est‐ce pas que c'est au  souvenir de Dieu que s'apaisent les cœurs?" (Arra'd 13, verset 28). Il a dit encore: "C'est Lui qui a fait naître la quiétude dans les cœurs des croyants" (Al‐fath 48, verset 4). Si la quiétude et l'apaisement  remplissent le ur de l'individu, ceci influe sur la société. Celle‐ci est bonne si l'individu est bon et elle est mauvaise s'il est mauvais.

Ceux qui œuvrent pour améliorer la société en se basant sur l'amélioration de l'individu avec des  moyens  pacifiques,  gitimes,  spirituels  et  divins  sont  les  vrais  réformateurs.  Leur  manière d'éduquer, qui  est celle des messagers, des saints  et des connaisseurs, donne des résultats à long terme mais ne connait pas  l'échec. Le modèle originel est celui du Prophète (pssl) dont le travail a réformé la société de lpoque  préislamique, une société ignorante, décomposée et corrompue. De cette société, Dieu a fait sortir la meilleure des communautés. Il a dit à ce sujet: "Vous êtes la meilleure communauté qui ait jamais é donnée comme exemple aux hommes. En effet, vous recommandez le Bien, vous interdisez le Mal" (Al‐'imran 3, verset 110). Dans ce verset, "le Bien" (alma'rouf) veut dire : le comportement sain, reconnu en tant que tel dans une société exemplaire; "le Mal" (almunkar) veut dire: ce qui est savo par la Chari'a, les coutumes et l'esprit sain. Le secret de la réussite de cette réforme Mohammadienne qui n'a pas d'égal à travers l'histoire des sociétés est vé dans la parole de Dieu: "Même si tu avais dépensé tous les trésors de la Terre, tu n'aurais jamais pu unir leurs cœurs. Seul Dieu a réalisé cette union" (Al‐anfal 8, verset 63). Dieu a uni leurs cœurs ainsi que leurs pouvoirs et leurs sociétés. C'est le secret de la force des premiers de la communau musulmane. Aujourd'hui, en l'absence de ce secret, "Leur violence les uns à l'égard des autres est extrême. On les croirait unis alors que leurs cœurs sont divisés" (Al‐hashr 59, verset 14).

Où sommesnous aujourd'hui par rapport au modèle du Prophète (pssl)? Ce modèle qui était concentré sur l'éducation de l'individu, de son âme, son comportement et son intérieur afin  de  corriger  la  croyance  et  la  foi.  Avant  de  bâtir  la  société  musulmane  à  Médine  et d'autoriser   la   guerr sainte,   le   Prophèt (pssl)   œuvrait   sur   l'éducation   d l'individu extérieurement et intérieurement pendant plus de la moitié de la période de la révélation. Il était resté à Makka pendant  treize ans et n'avait pas dépassé  plus de deux cents  hommes autour de Lui. Chacun d'eux était comme un mont élevé. A travers ces hommes, l'islam s'est répandu  partout dans le monde, les systèmes et les lois ont été créés comme ce fût le cas pendant le califat d'Omar dont la civilisation a pu atteindre trois continents.

Tout  le  monde  appelle  aujourd'hui   à  la  réforme  économique,  sociale,  culturelle, religieuse et éthique, mais personne ne pointe le doigt sur l'origine de cette réforme, à savoir l'individu bon et vertueux. Ils ont appelé à l'islamisation des sciences, des systèmes et des lois, mais personne n'a appelé à l'islamisation de l'individu. Ce dernier étant bon ou mauvais, influe positivement ou négativement sur la socié entière. "En  vérité, Dieu ne modifie point l'état d'un peuple tant que les hommes qui le composent  n'auront pas modifié ce  qui est en eux mêmes" (Arra'd 13, verset 11). Ils constatent la corruption de la situation mais ignorent la source qui permet de la réformer. Les systèmes et les lois ne se font pas par eux même et ne se réforment pas par eux même non plus quand ils deviennent corrompus. En fait, c'est l'homme qui les crée et c'est aussi lui qui les réforme ou les corrompt. Ils peuvent alors rester corrompus jusqu'à ce que la réforme  commence  par et pour  Dieu. Cette mission incombe  à l'individu vertueux. Ne peut pas réformer la société, au nom de l'islam, celui qui vise un quelconque but mondain, lucratif ou politique. Dieu n'accepte pas ce qui n'est pas fait pour Lui, d'autant plus les actes vides de sincérité et de véracité. "Sois avec Dieu, Il sera avec toi". La société doit être reconnaissante envers les gens de la Grâce, pour leur travail de réforme, en commençant par le Prophète (pssl) et  ses compagnons,  puis le saints et les connaisseurs, les vertueux  de sa communauté. D'après Abou Daoud, le  Prophète (pssl) a dit: "n'est pas reconnaissant envers Dieu celui qui ne l'est pas envers les gens".

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